jeudi 20 décembre 2012

Toujours en vie !






Parce que c'est bientôt Noël et que j'ai promis d'écrire au moins un billet avant la fin de l'année, celui-ci fera office de bande-annonce du prochain.

- Je suis bien vivant. J'ai même jamais été aussi vivant que ça.
- Je remonte sur le vélo pour de nouvelles aventures dès la première semaine de mars 2013.
- Je suis déjà en train d'écrire le prochain (très) long billet qui résumera 8 mois de vie à Santiago. Il      paraîtra en février avec une petite vidéo.
- J'ai hâte de vous raconter la suite.



Et je vous réserve même quelques petites surprises.


Je vous souhaite à tous un joyeux Noël et une année 2013 de dingue !





vendredi 3 août 2012

Fin des aventures à vélo pour 2012




QUOI ?! Mais qu’est-ce que c’est que ce titre polémique ? C’est tout ? C’est fini ? Déjà ?  Tu rentres ?

Héhé. Non.

La nouvelle ne surprendra pas trop finalement. Je reste à Santiago jusqu’au début de l’année prochaine, j’y ai trouvé ma place. J’ai trois bonnes raisons à y rester longtemps. La première, et certainement la plus importante, c’est que ça se passe tip-top nickel avec ma famille et je compte bien en profiter encore un moment. La deuxième, c’est que ça me permettra de rejoindre la Bolivie au mois d’avril pour pédaler pendant la saison sèche (oui, j’en ai ma claque de l’eau). Et pour finir, une partie de la Bande à Good va me rejoindre en juillet août pour faire un bout de Bolivie et de Pérou avec moi (amis proches). Si c’est pas les meilleurs raisons du monde tout ça…

Comme j’ai vraiment pas la tête à écrire, je vais faire court :

Je suis arrivé en bus à Santiago, c’est mon grand-père qui est venu me chercher. Gros coup d’émotion quand il m’a pris dans ses bras (surtout qu'il doit pas dépasser les 1.20m). S’en est suivi fêtes sur fêtes pour rencontrer tout les membres de la famille ainsi que de longues discussions sur le pourquoi du comment des choses de la vie. Un vrai bonheur. De mon côté, j’ai trouvé du travail comme professeur de français à l’institut Suizo-Chileno (oui, rien ne m’arrête). La semaine prochaine, j’intègre un collectif de théâtre.

Je vis.





Il n’y aura qu’un seul billet avant 2013, va falloir patienter ! Et pour vous faire envie voici le programme de l’année prochaine : des plages, du désert, des salines, de la haute altitude, du Machu-Picchu, de l’Amazonie, encore des plages, l’île de Pâques, de la jungle et finalement…         les îles Caraïbes.

A bientôt les loulous.


PS : si vous avez envie de passer votre hiver froid au bord de la plage, prévenez-moi, je connais un bon coin ;)


lundi 9 juillet 2012

Des nouvelles du bout du monde !



Une fois n’est pas coutume, histoire de direct vous mettre dans le bain, on commence ce billet avec une vidéo !  Voici pour vous, l’épisode 3 :



Ushuaïa

Haaaaa Ushuaïa. Si c’est pas un nom qui fait rêver ça ! Quand je pense à Ushuaïa, je vois une jungle luxuriante, des cascades d’eau chaude, de jolies filles se lavant leurs longs cheveux noirs dans les eaux bleutées de l’océan… Le paradis en somme. Sauf que ce paradis, il est à l’extrême nord de ce continent. Moi je suis à l’extrême sud, et en hiver. Alors en vérité, Ushuaïa, c’est ça :


De loin

Sur la route

De près
De trop près

Le port 




Ushuaïa ? j’ai adoré ! Une ambiance de noël en plein moi de juin, ça c’est une expérience à vivre ! Il faut savoir qu’en hiver, le soleil se lève à 10h et se couche à 17h. Les nuits sont donc longues… très longues. Cette ville (du moins le centre) m’a beaucoup fait penser à Verbier finalement. Des rues en pentes avec des magasins de ski dans tous les coins, 400 millions de magasins de souvenirs hors de prix et LE pub irlandais le plus austral du monde. Oui, parce qu’à Ushuaïa, tout est labélisé « el mas austral del mundo ». J’ai mangé la crêpe la mas austral del mundo, bu la bière la mas austral del mundo, marché sur la piste de ski la mas austral del mundo et bien rigolé quasiment un mois dans la ville la mas austral del mundo. 






Les anglais, c'est toujours les méchants en Argentine.



J’ai donc passé les premiers jours avec les 3 filles de choc. Au programme : bonne rigolade, chocolat chaud et visite du canal Beagle.






Le phare emblématique de la ville.


Petite pensée aux trois guapas qui sont maintenant rentrées à Genève et qui liront ces lignes : Je suis toujours en Amérique latine, et toi ? 





J’ai passé les jours suivant avec Andrea, un Italien rencontré à El Calafate. On a profité des récentes chutes de neige pour visiter le parc national le plus austral du monde.






Dernier km de la Ruta 3



Le bout du monde, c'est ça.


Cette ville c’était aussi et surtout beaucoup de rencontres. Il y avait Adelis, le Vénézuélien qui m’a mieux vendu son pays qu’un tour-opérateur. Arthur et Vincent, le français et l’hollandais qui m’ont dégouté à vie de la tequila la plus australe du monde. Deborah et Sylvie, les deux hippies qui ont construit une cabane dans la forêt en plein hiver et aussi les très nombreux argentins de l’hostel Cruz del Sur avec qui j'ai passé toutes mes journées. Si il y a autant d’argentins dans les hostel, c’est parce que le salaire le plus austral du monde dépasse largement le salaire moyen dans le reste du pays et que, en plus, il y a du travail pour tout le monde (ou presque).


Adelis superstar

LA piste de ski la plus austr.....


Les argentins (et colombiens, et brésiliens)


Pour revenir au sujet de Deborah, il faut savoir qu’elle voyage depuis 3 ans à vélo. Elle est partie de Neuchâtel sur sa bécane et a rejoint le continent sud américain en bateau. Elle m’a vendu du rêve en me parlant de ses aventures dans les iles Caraïbes ! Je suis pas près de rentrer avec ça… Elle non plus d'ailleurs.







L'histoire brève


Je n’aurai qu’une histoire brève cette fois-ci, mais elle vaut largement le coup. Début 2011, alors que je cherchais un nouveau blog de cyclotouriste à lire, je suis tombé par hasard sur celui de deux inconnus : Doris et Christophe. Sachant que Doris était valaisanne, que Christophe s’appelait Christophe et qu’en plus, leurs aventures à vélo en Amérique du Sud venaient tout juste de débuter, c’était l’occasion parfaite pour moi de lire quotidiennement leurs péripéties ! Ce que j’ai fait, pendant plus d’une année. Une fois en Argentine, en mars 2012, j’ai appris qu’ils venaient de terminer leur voyage à Ushuaïa. En supposant qu’ils allaient prendre l’avion depuis Buenos Aires, je leur ai envoyé un mail. J’ai bien fait. J’ai passé mon dernier après-midi avec eux, la veille de mon départ. Vous savez, c’était comme rencontrer en vrai ses deux héros favoris d’une série télévisée. Sauf que c’était pas des acteurs blasés, c’était vraiment les deux héros qui avaient vécus de vraies aventures !  Comme c’était la première fois que je rencontrais de véritables voyageurs à vélo, je les aient bombardés de questions. Ils ont su répondre à tous mes doutes et m’ont donné de précieux conseils qui me servent encore aujourd’hui. Les rencontrer juste avant mon départ m’a donné un véritable coup de fouet. 



Quand ch'rai grand, ch'rai comme eux.

Maintenant qu’ils sont rentrés, j’ai l’honneur de les faire voyager à mon tour.
C’est pas trop génial comme histoire ça ?





Une Patagonie chaotique

Après avoir glandouillé quasiment un mois à Ushuaïa, je me suis mis à la recherche d’un bateau pour rejoindre le Chili. Sauf que voilà, c’est l’hiver. Et en hiver, y a pas UN SEUL bateau pour rejoindre Puerto Montt. Y a bien un ferry qui fait Puerto Williams – Punta Arenas, mais pour rejoindre Puerto Williams (village chilien plus au sud que Ushuaia) il faut débourser une somme astronomique sous prétexte qu’il faut passer la frontière… Mouais. Comme j’ai plus d’un tour dans mon sac, j’opte pour la solution du ferry qui fait Puerto Natales – Puerto Montt en 4 jours. C’est un peu cher, mais il parait que ça vaut vraiment la peine. Alors hop je saute dans un bus pour rejoindre Puerto Natales afin de prendre le prochain ferry (3 jours plus tard). Sauf qu’une fois sur place, une tempête fait rage dans toute la partie sud et retarde le bateau de 3 jours, puis de 5, pour finalement être annulé sur les deux prochaines semaines. Chouette ! Tant pis pour le bateau.
Il faut savoir que comme toutes les routes étaient coupées, il n’y avait absolument RIEN à faire à Puerto Natales. Le bon côté des choses, c’est que j’ai fait la connaissance de Paul, un français de mon âge tout autant geek que moi. Lui il cherchait désespérément une solution pour sortir en bus du village mais avec la quantité impressionnante de neige, il a du prendre son mal en patience. On en a profité pour discuter longuement de films, de livres de science fictions, de jeux vidéos… Rafraîchissant ce petit retour en europe.

Alors oui, on a quand même tenté un mini-trek sur la montagne la plus proche, on est pas en Patagonie pour rien hein ! Sauf que comme la neige nous arrivait jusqu’à la taille, on a rapidement abandonné l’ascension.




Paul le geek


Et maintenant ?

Le temps passé à Ushuaïa m’a permis de réfléchir sur la suite du voyage. Je me suis demandé ce que je foutais au fin fond de la Patagonie en plein hiver, avec un vélo… Quelle idée stupide (même si je ne regrette rien hein, j’ai quand même bien rigolé !) Je me suis rappelé que si j’étais descendu jusqu’ici, c’était pour pratiquer mon espagnol afin d’arriver l’esprit tranquille à Santiago. Les récents mails échangés avec mon oncle, le temps froid et humide et le peu d’intérêt de pédaler dans la région avant Santiago en hiver (beaucoup de pluie) m’ont fait prendre la décision de rejoindre la capitale au plus vite. Depuis que je suis au Chili, je n’arrive pas à penser à autre chose qu’à cette famille qui m’attend impatiemment. En discutant avec d’autres voyageurs, j’ai pris conscience que mon voyage ne pouvait réellement débuter qu’une fois passé par la case Santiago, par la case « vous avez gagné un deuxième grand-père ». Dans ces conditions, j’ai pas eu trop de peine à me convaincre. Et puis bon, le froid, ça va un moment…

C’est donc sur la route vers Santiago que j’écris ce billet. Après environ 2500 km à vélo (et un peu moins de 2000 en bus), 4500 moutons tondus, 3 crevaisons, 5 provinces d’Argentine traversées, un rayon pété, 4 mois à dire « ché », un dérailleur tordu, 43 nuits sous tente, une dizaine d’objets perdus et des rencontres plus phénoménales les unes que les autres, c’est sur ce billet que s’achève la première partie des aventures de Cristobal à Vélo.

Maintenant, il est temps pour moi de débuter un autre voyage, plus personnel cette fois.
Un voyage aux origines !






Et parce que finir ce billet sur une phrase pseudo-philosophique qui claque me suffit pas, voilà une petite vidéo d’Ushuaïa. Poils aux bras.




dimanche 17 juin 2012

Cristobal à vélo, mais pas trop.


Vous voulez savoir comment j’ai mangé la meilleure viande de ma vie ? Pourquoi mon vélo à rendu l’âme sur une route déserte ? Comment je me suis recyclé en tondeur de moutons ? Pourquoi j’ai dormi avec un prêcheur de l’Eglise Adventiste du Septième Jour ? Vous voulez voir les photos magnifiques des glaciers, des montagnes, et ressentir la sensation du bout du monde? Alors accrochez vous et prenez votre temps. Ce billet c’est du lourd, et y en a un paquet.

Je suis donc toujours à Villa O’Higgins ou j’apprends que finalement, la frontière sud du chili est fermée jusqu’à septembre. Ce passage consistait à traverser un lac en ferry et rejoindre rapidement le village d’El Chalten sur environ 50 km. Au lieu de ça, je dois traverser la frontière par le passage « Mayer » qui m’oblige à faire un détour de 460km dans la pampa argentine. Ça me gène pas trop vu que de toute façon, je suis là pour ça. Je prévois de rejoindre le poste de frontière dans la matinée et de changer de pays en fin de journée. En réalité, ça m’aura pris 3 jours pour traverser ce foutu passage « Mayer » !

Villa O'Higgins

De bon matin, je m’engage sur la route pour rejoindre le poste frontière chilien. Sur la piste, je sens que quelque chose cloche sur ma bécane. C’est pas les freins fraîchement réparés par mes soins, c’est pas mes pneus, ni mes sacoches… C’est un rayon cassé. La vache ! Pas question de revenir en arrière parce qu'y a pas de réparateur ni de magasin de vélo à O’Higgins. La seule chance que j’ai de réparer c’est à Gobernador Gregores (à  4 jours de vélo quand même). Un peu plus loin c’est mon porte bouteille qui fout le camp, sans parler de ma sangle de pédale qui se décroche toutes les 2 minutes et du bruit étrange que fait mon dérailleur depuis quelque heures. Mon vélo est en train de tomber en miette et pas moyen de le soigner avant la prochaine ville. Le principale c’est que je peux toujours avancer et le paysage est franchement pas vilain. Bon, j’aurais quand même réussi à me tromper en chemin et a me faire escorter par 5 gauchos hilares sur leurs chevaux, jusqu’à la bonne route.

Le mauvais chemin.
Le bon chemin.


Arrivé au poste de frontière, petite discussion avec les carabiniers qui m’explique le fameux passage Mayer. « Donc ce passage il n’y a pas de route pour y aller, c’est un chemin pédestre, mais pas très bien entretenu alors il faudra faire attention à pas te perdre. Une fois arrivé au Rio Mayer qui marque la frontière (le Mayer est un fleuve aux allures de torrent), tu devras emprunter une passerelle en bois. C’est une toute petite passerelle mais avec ton vélo, ça devrait passer normalement. Ensuite du côté argentin, heu… y a pas de route non plus, mais tu devrais pouvoir te repérer avec des pierres au sol. Bon. Tu vois la ferme là-bas ? Il faut que tu passes par ses terres si tu veux rejoindre la passerelle. Va parler au propriétaire, il t’indiquera la route. »

J’ai senti que ça allait pas être de la tarte, mais à ce point…

J’ai bien demandé ma route au propriétaire de l'estancia mais j’ai quand même réussi à me perdre dans la forêt. Après 1h de zigzague dans les bois je décide de revenir sur mes pas. En arrivant devant la cabane, il y a 4 personnes qui s’affairent à dépecer et découper une vache fraichement tuée. La scène est plutôt impressionnante pour un néophyte comme moi. Il y a du sang dans tous les coins. Les bouts de viandes sont accrochés aux branches des arbres pour éviter que les très nombreux chiens, chats et poules viennent dévorer la bête. Ca dégouline de partout. Pancho, le propriétaire, m’invite à rester pour l’asado (la grillade). Inutile de vous dire que c’était incroyablement bon. Il m’invite aussi à rester chez lui pour la nuit parce qu’il va faire froid et que sa meute de chien va m’empêcher de dormir si je dors sous tente. Je passe ma soirée avec lui et Lucho, son pote gauchos. Tard dans la nuit ils vont préparer une sorte de ragout avec la viande fraiche de la journée. Pancho m’a dit « Tu vas voir, la viande non congelée, c’est une merveille. » Je l’ai effectivement mangé cette viande. J’avais jamais rien connu de tel. La viande de vache en réalité, ça a un goût qui ressemble à celui de la chasse. C’est fort en goût naturellement, c’est exquis, c’est le pied, c’est un bonheur, c’est délicieux,  délectable, succulent, merveilleux, précieux, c’est le paradis. Bref, j’ai mangé la meilleur viande de ma vie.


J'ai découvert ce soir là le vin rouge au Fanta. Oui. Mais c'est pas mauvais.


Passage Mayer

Cette traversée aura été une vraie épreuve de force. Comme il a neigé pendant la nuit, difficile de voir le chemin par endroit. J’ai passé 4h pour faire les 3km qui me séparaient de la passerelle. Je me suis perdu plusieurs fois, j’ai traversé des étangs de boues, des coulées de glace, porté mon vélo sur plusieurs mètres en attachant et détachant à chaque fois mes sacoches, je suis resté croché dans ronces une bonne dizaine de fois pour finalement trouver le fameux passage.


Pour moi, ça, c'est la vision de l'enfer.


Cette passerelle c’était un peu un pont à la Indiana Jones qui se balançait dans tout les sens. Et autant vous dire que non, mon vélo ne passait pas. En tout cas pas avec les sacoches. Même moi je crochais les bras contre la barrière si je les laissaient le long du corps.

LE passage de frontière


La suite de l’histoire vous la devinez, je me suis reperdu plusieurs fois avant de trouver mon chemin grâce à l’aide de Lucho, le mec avec qui j'avais mangé la veille, qui par chance passait par là.

Lucho, un gaucho, un vrai.

Chemin convivial
Elle est pour qui la traversée les pieds dans l'eau?

Le soir, j’arrive extenué au poste de frontière argentin. C’est deux jeunes de mon âge qui l’occupe. Je leur demande l’hospitalité pour la nuit, qu’ils accepteront sans problème. Programme de la soirée, viande, vin au sirop et jeux d’échecs. Yeah !

 Le jour suivant c’est la fête, je peux enfin rouler sur une piste plus ou moins cyclable. Je sors petit à petit des montagnes pour retrouver ma pampa chérie. Petite nuit fraîche sous tente (mes gourdes ont gelé pendant la nuit) et c’est reparti pour une bonne journée de vélo.


Tu parles Charles.


Comme il a plu pendant la nuit et qu’il fait très froid maintenant, la route de terre devient mon pire ennemi. La boue se colle aux roues et gèle quasi instantanément. Je dois descendre chaque 3 minutes du vélo pour enlever cette glue qui m’empêche d’avancer. Après plus d’une heure à me débattre du mieux que je peux, le vélo se bloque complètement. Je jette un œil à la roue arrière et constate avec horreur le dérailleur tordu, bloqué dans mes rayons. A titre de comparaison avec un humain, mon vélo est au stade du coma. Impossible de le bouger dans un sens ou dans un autre. Impossible de tirer dehors de la roue le dérailleur. En plus de ça, la boue recouvre absolument tout mon vélo ainsi que toutes mes sacoches. Et puis oui, il commence à pleuvoir. Deuxième fois que je reste bloqué pour un problème technique. Ça commence à faire beaucoup. Un fort sentiment de « cette fois c’est bon, j’arrête, je rentre » m’est venu en tête. Mais quand t’es au milieu de nulle part, tu veux rentrer où ? Et comment ? J’ai pas eu le temps de désespérer cette fois.  J’aperçois un vieux bus tout rouillé arriver au loin. Dans ce bus, il y a 5 péons (ouvriers des champs).Je ne le sais pas encore, mais ils vont me faire vivre une semaine des plus trépidante !


Martine Cristobal à la ferme

Les gars du bus me proposent de m’emmener avec eux jusqu’à l’estancia à 5 km de là. On discute un peu en route et on se met d’accord : Je passe la semaine avec eux (nourri, logé,   sali) et ils me ramènent en ville quand ils rentrent chez eux. C’est pas trop génial ça ?

J’ai donc passé une semaine avec la fine équipe du bus magique à travailler dans une estancia. Les péons se promènent dans toute la province et travaillent sous mandats pour le propriétaire d’une ferme. Cette jeune équipe est spécialisée dans la tonte et du coup ils amènent avec eux leurs machines.




Le travail consistait à tondre la tête des moutons pour l’hiver. J’ai un peu cligné de l’œil quand j’ai vu les 4800 moutons se promener gaiement dans les champs. « Non ça c’est une petite estancia, d’habitude on tond 15'000 ou 20'000 bêtes. Et encore, là on fait que la tête »





Le programme de la journée : Debout à 07h, tondage de mouton, pause maté, tondage de mouton, viande de mouton au dîner, tondage de mouton, pause maté, tondage de mouton, viande de mouton au souper, jeu de carte (truco) et vin rouge au coca. Le cuistot du groupe nous a préparé du mouton sous toutes les formes : asado, en soupe, avec des pates, milanaise, froid, etc etc

Au petit matin

Pépé, le cuistot.

Julio et Georges

Le corral

... et les moutons.


Mon boulot consistait à amener les moutons dans les différents box du corral et de ramasser la laine coupée. Je me suis un peu essayé à la tonte, mais c’est franchement pas facile. C’est lourd et vachement musclé un mouton !

Julio en mode "je me la pète j'ai deux moutons"

Content





Une semaine sans chauffage ni eau chaude dans des conditions difficiles mais avec des gens faciles. Le bonheur !

Se faire un maté avec une bonbonne à gaz DANS le bus, ça c'est beau !

Le bus magique.


Une fois le boulot terminé, on a mis les voiles. Sauf que comme ce bus magique était TRES vieux, on est tombé 7x en panne dans la même journée. 8h pour faire les 100 derniers kilomètres, pas mal non ?






Une fois à Gobernador Gregores et les adieux plutôt touchant terminés, j’apprends que le seul réparateur de la ville est en vacance pour un mois. Comme l’idée de rester coincé dans une région minière coupée de tout ne me tente pas vraiment, je décide de faire du stop pour aller directement à El Calafate. Sauf que la Ruta 40 est fermée sur plusieurs tronçons et qu’une fine couche de glace persiste sur quasiment toutes les routes. J’attends 4h au bord de la Ruta avant d’apercevoir la première camionnette de la journée (qui m’emmènera un bout plus loin). Après plusieurs transbahutages de camionnettes en camionnettes, je me retrouve dans un camp de travailleur s’occupant de la reconstruction de la chaussée. Mon dernier chauffeur m'explique que c’est là que j’aurai le plus de chance de trouver quelqu'un m’amenant à la prochaine ville. Sauf qu’on est vendredi et que tout le monde est parti. Le gardien du site, un vieux monsieur s’occupant des machines, me dit que il n’y aura personne avant lundi et que peu de gens passent par cette route. Il m’invite à boire le maté dans son container-maison et me propose de passer la nuit là si personne ne vient. « On attendra demain, entre 10h et 11h y a toujours un camion qui passe »

Ce vieux monsieur, c’est Hanz, il est descendant d’une famille allemande et adore le folklore germanique. Ce monsieur, c’est la gentillesse personnifiée. Par contre, il est adventiste. J’ai eu le droit à un sermon de quasiment 3h sur « l’église adventiste du 7ème jour qui n’est que vérité alors que toutes les autres sont un mensonge du diable » J’ai eu le droit au feuillet, à la lecture de passages de la bible et aux conseils pour trouver le chemin de la lumière vers la vie éternelle dans un sentiment d’amour et de partage envers mon prochain. Tout ce que j’aime quoi. Il était sympa ce Hanz, un peu borné quand même. Je lui ai fait la promesse «d’éclairer mes amis de ma lumière maintenant que je connaissais la vérité ». Je lui dois bien ça.
Alors si ça vous branche => www.adventiste.org , moi je passe mon chemin.

Hanz

Le paysage devant Hanz


Le lendemain comme prévu, le camion passe et m’amène au prochain village. Après quelque heures et autres péripéties (dont le passage dans la maison d’un gars qui avait un guanaco comme animal de compagnie) me voilà enfin à El Calafate.

Le piti guanaco adopté



Jusqu'au bout du monde



El Calafate, c’est un peu le Verbier patagonien. Y a pas de pistes de ski, mais y a des glaciers. Et y a un surtout un qui vaut le coup d’œil. Mesdames messieurs, voici pour vous Le Perito Moreno !




Yeah !


Avec ses 5 km de large et ses 60 mètres de hauteur, il est l’attraction principal de la région. Et franchement, c’est très très impressionnant.






Après cette petite journée accompagné d’un colombien (qui n’avait jamais vu la neige), je rentre à l’hostel et fait l’agréable rencontre de Xavier (français) et de 5 genevois(es). Un réel plaisir pour moi d’entendre le doux sont de « comptoir », « carnotzet », « valais », « auberge de la poste de Martigny » de la bouche de quelqu’un d’autre. Comme la suisse est en force on tentera un fondue toute-faite argentine. La pire idée du monde. On s’est retrouvé avec une sorte de pâte vache-qui-rit dégueulasse et absolument immangeable.

Super synchro ct'équipe

Le ciment

Les copains

Vue depuis El Calafate


L’ambiance festive de ces quelques jours et l’impression d’être un peu revenu en Valais m'ont vraiment fait du bien et j'oublie un peu les souci du vélo. J’attaque par la suite 3 jours de randonnée dans le parc du Mont Fitz Roy, à El Chalten. C’est en solo, pour une fois, que je profite du paysage.

Fitz Roy









 El Chalten est super connu des grimpeurs et des expéditions de haute montagne. En gros, les mecs viennent se faire les pieds sur le Fitz Roy avant d’attaquer l’ascension de l’Everest, rien que ça.


Le lac étant gelé j'ai pu touché le glacier du fond. Hu hu !


El Chalten


J’ai passé pas mal de temps à El Calafate. Il m’a fallu prendre un décision de taille. La situation dans le sud du continent est la suivante : une couche de glace recouvre quasiment toutes les routes secondaires et une partie des routes principales. La Ruta 40 est fermée sur certain tronçons. La température peut descendre jusqu’à -15° la nuit et -5° en journée. Il y a effectivement moins de vent qu’en été, mais ça reste du vent et souvent mélangé avec de la neige. Comme mourir d’hypothermie ne fait pas partie de mes plans, je ne peux plus me permettre de dormir sous tente. Et si je ne peux pas dormir sous tente, je ne peux pas traverser la pampa. J’ai pensé à rejoindre l’île de la Terre de Feu en bus, d’y réparer mon vélo et de faire les 300 km me séparant d’Ushuaia histoire de… Mais en réalité la situation à Ushuaia est pire. Il a neigé plus d’un mètre, ça fait 20 ans qu'ils ont pas vu ça. Du coup l’aéroport est fermé et la route du col menant à la ville est quasiment impraticable.

Même les pumas galèrent en ce moment.


Je me suis donc fait une raison et j’ai pris l’option la plus raisonnable, celle de me rendre en bus directement jusqu’à Ushuaia. Tant pis, j'aurais pas rejoint le bout du monde à vélo. Mais comme mon bout du monde à moi c'est les Caraïbes, je me suis vite consolé. Et puis bon, les 3 genevoises m’ont proposé de passer quelque jours avec elles dans la ville la plus australe du monde, ça aide aussi à retrouver le moral :)


Aller au bout du monde, c'est bien.
Y aller avec trois blondes, c'est mieux.


C’est donc depuis la belle ville enneigée d'Ushuaia que je vous écrit. Je m'y repose depuis  d'ailleurs bientôt une semaine. Je vais déposer mes sacoches quelques temps histoire de pouvoir enfin réparer mon vélo, nettoyer mes affaires, préparer l'itinéraire du côté chilien et trouver un bateau qui m’emmènera vers ma prochaine grande aventure. 


Prochain billet bientôt ! Avec de l'Ushuaia, de la Malvinas, de la neige des statistiques et de la vidéo !




Bon été à tous !