lundi 9 juillet 2012

Des nouvelles du bout du monde !



Une fois n’est pas coutume, histoire de direct vous mettre dans le bain, on commence ce billet avec une vidéo !  Voici pour vous, l’épisode 3 :



Ushuaïa

Haaaaa Ushuaïa. Si c’est pas un nom qui fait rêver ça ! Quand je pense à Ushuaïa, je vois une jungle luxuriante, des cascades d’eau chaude, de jolies filles se lavant leurs longs cheveux noirs dans les eaux bleutées de l’océan… Le paradis en somme. Sauf que ce paradis, il est à l’extrême nord de ce continent. Moi je suis à l’extrême sud, et en hiver. Alors en vérité, Ushuaïa, c’est ça :


De loin

Sur la route

De près
De trop près

Le port 




Ushuaïa ? j’ai adoré ! Une ambiance de noël en plein moi de juin, ça c’est une expérience à vivre ! Il faut savoir qu’en hiver, le soleil se lève à 10h et se couche à 17h. Les nuits sont donc longues… très longues. Cette ville (du moins le centre) m’a beaucoup fait penser à Verbier finalement. Des rues en pentes avec des magasins de ski dans tous les coins, 400 millions de magasins de souvenirs hors de prix et LE pub irlandais le plus austral du monde. Oui, parce qu’à Ushuaïa, tout est labélisé « el mas austral del mundo ». J’ai mangé la crêpe la mas austral del mundo, bu la bière la mas austral del mundo, marché sur la piste de ski la mas austral del mundo et bien rigolé quasiment un mois dans la ville la mas austral del mundo. 






Les anglais, c'est toujours les méchants en Argentine.



J’ai donc passé les premiers jours avec les 3 filles de choc. Au programme : bonne rigolade, chocolat chaud et visite du canal Beagle.






Le phare emblématique de la ville.


Petite pensée aux trois guapas qui sont maintenant rentrées à Genève et qui liront ces lignes : Je suis toujours en Amérique latine, et toi ? 





J’ai passé les jours suivant avec Andrea, un Italien rencontré à El Calafate. On a profité des récentes chutes de neige pour visiter le parc national le plus austral du monde.






Dernier km de la Ruta 3



Le bout du monde, c'est ça.


Cette ville c’était aussi et surtout beaucoup de rencontres. Il y avait Adelis, le Vénézuélien qui m’a mieux vendu son pays qu’un tour-opérateur. Arthur et Vincent, le français et l’hollandais qui m’ont dégouté à vie de la tequila la plus australe du monde. Deborah et Sylvie, les deux hippies qui ont construit une cabane dans la forêt en plein hiver et aussi les très nombreux argentins de l’hostel Cruz del Sur avec qui j'ai passé toutes mes journées. Si il y a autant d’argentins dans les hostel, c’est parce que le salaire le plus austral du monde dépasse largement le salaire moyen dans le reste du pays et que, en plus, il y a du travail pour tout le monde (ou presque).


Adelis superstar

LA piste de ski la plus austr.....


Les argentins (et colombiens, et brésiliens)


Pour revenir au sujet de Deborah, il faut savoir qu’elle voyage depuis 3 ans à vélo. Elle est partie de Neuchâtel sur sa bécane et a rejoint le continent sud américain en bateau. Elle m’a vendu du rêve en me parlant de ses aventures dans les iles Caraïbes ! Je suis pas près de rentrer avec ça… Elle non plus d'ailleurs.







L'histoire brève


Je n’aurai qu’une histoire brève cette fois-ci, mais elle vaut largement le coup. Début 2011, alors que je cherchais un nouveau blog de cyclotouriste à lire, je suis tombé par hasard sur celui de deux inconnus : Doris et Christophe. Sachant que Doris était valaisanne, que Christophe s’appelait Christophe et qu’en plus, leurs aventures à vélo en Amérique du Sud venaient tout juste de débuter, c’était l’occasion parfaite pour moi de lire quotidiennement leurs péripéties ! Ce que j’ai fait, pendant plus d’une année. Une fois en Argentine, en mars 2012, j’ai appris qu’ils venaient de terminer leur voyage à Ushuaïa. En supposant qu’ils allaient prendre l’avion depuis Buenos Aires, je leur ai envoyé un mail. J’ai bien fait. J’ai passé mon dernier après-midi avec eux, la veille de mon départ. Vous savez, c’était comme rencontrer en vrai ses deux héros favoris d’une série télévisée. Sauf que c’était pas des acteurs blasés, c’était vraiment les deux héros qui avaient vécus de vraies aventures !  Comme c’était la première fois que je rencontrais de véritables voyageurs à vélo, je les aient bombardés de questions. Ils ont su répondre à tous mes doutes et m’ont donné de précieux conseils qui me servent encore aujourd’hui. Les rencontrer juste avant mon départ m’a donné un véritable coup de fouet. 



Quand ch'rai grand, ch'rai comme eux.

Maintenant qu’ils sont rentrés, j’ai l’honneur de les faire voyager à mon tour.
C’est pas trop génial comme histoire ça ?





Une Patagonie chaotique

Après avoir glandouillé quasiment un mois à Ushuaïa, je me suis mis à la recherche d’un bateau pour rejoindre le Chili. Sauf que voilà, c’est l’hiver. Et en hiver, y a pas UN SEUL bateau pour rejoindre Puerto Montt. Y a bien un ferry qui fait Puerto Williams – Punta Arenas, mais pour rejoindre Puerto Williams (village chilien plus au sud que Ushuaia) il faut débourser une somme astronomique sous prétexte qu’il faut passer la frontière… Mouais. Comme j’ai plus d’un tour dans mon sac, j’opte pour la solution du ferry qui fait Puerto Natales – Puerto Montt en 4 jours. C’est un peu cher, mais il parait que ça vaut vraiment la peine. Alors hop je saute dans un bus pour rejoindre Puerto Natales afin de prendre le prochain ferry (3 jours plus tard). Sauf qu’une fois sur place, une tempête fait rage dans toute la partie sud et retarde le bateau de 3 jours, puis de 5, pour finalement être annulé sur les deux prochaines semaines. Chouette ! Tant pis pour le bateau.
Il faut savoir que comme toutes les routes étaient coupées, il n’y avait absolument RIEN à faire à Puerto Natales. Le bon côté des choses, c’est que j’ai fait la connaissance de Paul, un français de mon âge tout autant geek que moi. Lui il cherchait désespérément une solution pour sortir en bus du village mais avec la quantité impressionnante de neige, il a du prendre son mal en patience. On en a profité pour discuter longuement de films, de livres de science fictions, de jeux vidéos… Rafraîchissant ce petit retour en europe.

Alors oui, on a quand même tenté un mini-trek sur la montagne la plus proche, on est pas en Patagonie pour rien hein ! Sauf que comme la neige nous arrivait jusqu’à la taille, on a rapidement abandonné l’ascension.




Paul le geek


Et maintenant ?

Le temps passé à Ushuaïa m’a permis de réfléchir sur la suite du voyage. Je me suis demandé ce que je foutais au fin fond de la Patagonie en plein hiver, avec un vélo… Quelle idée stupide (même si je ne regrette rien hein, j’ai quand même bien rigolé !) Je me suis rappelé que si j’étais descendu jusqu’ici, c’était pour pratiquer mon espagnol afin d’arriver l’esprit tranquille à Santiago. Les récents mails échangés avec mon oncle, le temps froid et humide et le peu d’intérêt de pédaler dans la région avant Santiago en hiver (beaucoup de pluie) m’ont fait prendre la décision de rejoindre la capitale au plus vite. Depuis que je suis au Chili, je n’arrive pas à penser à autre chose qu’à cette famille qui m’attend impatiemment. En discutant avec d’autres voyageurs, j’ai pris conscience que mon voyage ne pouvait réellement débuter qu’une fois passé par la case Santiago, par la case « vous avez gagné un deuxième grand-père ». Dans ces conditions, j’ai pas eu trop de peine à me convaincre. Et puis bon, le froid, ça va un moment…

C’est donc sur la route vers Santiago que j’écris ce billet. Après environ 2500 km à vélo (et un peu moins de 2000 en bus), 4500 moutons tondus, 3 crevaisons, 5 provinces d’Argentine traversées, un rayon pété, 4 mois à dire « ché », un dérailleur tordu, 43 nuits sous tente, une dizaine d’objets perdus et des rencontres plus phénoménales les unes que les autres, c’est sur ce billet que s’achève la première partie des aventures de Cristobal à Vélo.

Maintenant, il est temps pour moi de débuter un autre voyage, plus personnel cette fois.
Un voyage aux origines !






Et parce que finir ce billet sur une phrase pseudo-philosophique qui claque me suffit pas, voilà une petite vidéo d’Ushuaïa. Poils aux bras.