vendredi 11 octobre 2013

Vacances de Nigauds



La pause d'été étant terminée, on reprend gentiment les aventures de votre héros à vélo préféré. Une fois n'est pas coutume, je ne serai pas l'auteur de ce billet. J'ai proposé à mes deux amis, Emilien et Michael, de prendre la plume et de raconter à leur manière le voyage que nous avons fait ensemble. J'avais envie qu'ils puissent s'exprimer sur un ton différent du mien, un ton neuf, encore vierge d'expérience en Amérique latine. J'avais promis de jouer le jeu, de publier tel quel leurs textes. Je suis déjà entrain de le regretter...



Texte d'Emilien

Emilien
Le jour où nous avons su que Christophe partait se balader en Amérique du Sud, Michael et moi avons très rapidement décidé que nous irions lui rendre visite, où qu’il soit durant l’été 2013. Contraints par nos agendas respectifs et par l’itinéraire de Christophe, nous avons bloqué 3 semaines en ce qui me concerne et 6 semaines pour Michael à partir du début août et nous avons préparé notre voyage au Pérou et en Bolivie !


29 juillet au 1 août - Lima

Après l’avoir imaginé durant des mois et des mois, nous sommes enfin prêts pour ce voyage. Je me réjouis énormément de pouvoir profiter de ce bol d’air tant attendu et de plonger dans l’univers de Christophe que je suis depuis plus d’une année et demie via le blog que vous lisez en ce moment.

Nous décollons de Genève en fin de journée et c’est parti pour près de 16 heures de vol via Madrid puis Lima. Atterrissage à Lima vers 7 heures du matin après quelques courtes heures de sommeil. Le temps de passer la douane afin d’annoncer notre présence en terre péruvienne et de récupérer nos sacs, nous sortons de l’aéroport et apercevons au loin Christophe ! Voilà plus d’une année et demie que nous ne nous sommes plus revus et plus parlés tous les trois. A première vue il semble encore plus fatigué que nous à cause de sa très courte nuit à nous attendre dans l’aéroport. Après quelques minutes étranges, rapidement tout devient comme avant. En me retrouvant aux côtés de ces deux nigauds, j’ai le sentiment d’être projeté une année et demie en arrière et je me rends compte que peu de choses ont changé. A ce moment là, je sais que ce voyage sera une réussite.

Comme dans toute grande ville, la sortie d’un aéroport après de longues heures dans le « calme » d’un avion reste une étape particulière, mais la sortie de l’aéroport de Lima m’a particulièrement marqué. Avec tous ses bus, ses crieurs de destinations (Arequipa, Miraflores,… ), ses klaxons ses voitures qui circulent dans tous les sens, on se demande comment ce chaos apparent tient debout. Après deux jours dans cette ville, on comprendra déjà bien mieux ce système qui semble fonctionner, même sans tableaux horaires et sans toutes ces règles auxquelles nous sommes habitués en Suisse. Nous sautons dans un taxi et plongeons dans cette ville de plus de 10 millions d’habitants. Le temps de trouver notre auberge, nous partons au bord de l’océan pacifique pour profiter de ces belle retrouvailles sous brouillard et la bruine de l’hiver de Lima.

Retrouvailles de nigauds






Nous avons été extrêmement bien accueillis par Leticia, Daniela et Felipe, trois amis péruviens de Christophe qu’il voulait nous présenter. Ils nous ont fait découvrir une petite partie de leur Lima, bars y compris. Leticia nous a même invité chez ses parents pour un excellent dîner. Grâce à ces personnes j’ai eu l’impression de voir Lima sous un meilleur jour que ce que nous avons entendu à propos de cette ville en préparant le voyage ou en écoutant d’autres voyageurs.






Avec Leticia


Du 1er au 6 aout – Cuzco et environs

Le soir du 1er août, nous partons en bus direction Cuzco ! Durant ce trajet de plus de 22 heures, nous allons avoir droit à quelques films en espagnol et de la musique traditionnelle péruvienne. Agréable pendant cinq minutes, mais rapidement insupportable, imaginez après plus de 20 heures… Au bout du compte nous arrivons tout de même à Cuzco et gagnons un hostel que Christophe connaissait par son réseau de cyclo-touristes. Il s’agit d’un rendez-vous pour les motards et les cyclistes qui se baladent dans la région et qui souhaitent rejoindre les vestiges incas. Ce fut l’une de nos meilleures adresses durant tout le voyage. Cette étape de mon séjour au Pérou m’aura permis d’avoir un petit aperçu de la vie de Christophe sur un vélo, car nous y avons rencontré quelques uns de ses compagnons de voyage mais également d’autres cyclistes chevronnés (Jérome, Cindy, Corinne et Enzo). Ce petit milieu de passionné-e-s est très intéressant mais parfois difficile pour un non initié d’y entrer et de s’y intégrer, surtout quand on est un voyageur sac à dos durant 3 semaines. Rien à voir avec les 10-20-40000 KM que ces personnes rencontrées ont avalés à la force de leurs mollets.





Mais nous n’avons pas uniquement vu des cyclistes. Nous avons également vu dans la région de Cuzco des cailloux, des ruines et des incas, évidemment. Pour commencer en douceur nous sommes montés à pied sur le Mirador de la ville, aux pieds du Christ rédempteur. Pour la première fois nous avons ressenti grâce à cette petite marche en montée que nous étions à plus de 3'000 mètres (presque 4000 à vrai dire). L’après midi nous partons pour Pisac afin de découvrir un grand site inca. Après plus de deux heures de marche (en se trompant de chemin, bien sûr) nous découvrons avec émerveillement une magnifique cité inca. Nous passons quelques heures à profiter du calme de ce lieu en refaisant le monde après une année et demie sans avoir discuté de « vrais » sujets. Nous avions tant de choses à nous dire en peu de temps. Heureusement que nous avions pu suivre via son blog ou Facebook la partie « aventure » du voyage de Christophe, car grâce à cela, nous sommes rapidement entrés dans des sujets de discussion qui avaient été abandonnés au moment de son départ. Chaque jour, nous abordions une nouvelle discussion afin de « rentabiliser » au mieux notre temps. Je crois pouvoir dire que ces retrouvailles nous ont fait un bien fou à tous les trois.







Nous choisissons de rester dormir à Pisac pour profiter de son grand marché à ciel ouvert. Le lendemain, direction Ollantaytambo pour découvrir des vestiges incas. Cette cité est la seule du Pérou à avoir gardé son plan de ville de l’époque inca. Après un pic-nic et une balade au cœur de ces murs, nous repartons pour cinq heures de bus direction Cuzco. Christophe y retrouve un oncle chilien. Avec Michael nous passons un moment de la soirée avec Magdalena, une amie valaisanne qui séjourne un mois à Cuzco. Toujours drôle de retrouver des gens connu à des milliers de kilomètres. Cuzco est une ville magnifique, pleine de richesse culturelle et l’ambiance qui y règne donne envie de ne jamais partir de là.












Du 6 au 9 aout – Machu Picchu

Le lendemain, le but est de rejoindre Santa Teresa ou Hydrolelectrica afin de se rapprocher d’une étape emblématique du voyage : le Machu Picchu ! Avant d’en arriver là, il a fallut évidemment acheter notre billet d’entrée. Le site étant limité à 2000 personnes par jour, nous avons dû adapter notre séjour, car le jour initialement choisi n’était plus disponible. Après avoir galéré pour prendre nos tickets, nous avons ensuite galéré avec les bus à prendre pour rejoindre Santa Teresa qui nous ouvrait le chemin du Machu Picchu. Nous avons donc fait le trajet en deux étapes pour arriver à Hydroelectrica : Cuzco – Ollantaytambo /nuit sur place/ Ollantaytambo-Hydroelectrica. A partir de là, nous avons été piétons durant deux jours pour atteindre la ville sacrée. Après nous être annoncés au contrôle d’Hydroelectrica, nous avons pu prendre le chemin qui longe les rails de chemin de fer. La montée nous aura pris un peu plus de deux heures dans une végétation dense, on est presque dans la jungle. Au bout du chemin nous découvrons Aguas Calientes. Ce gros village touristique m’a fait penser à Zermatt avec ses ruelles sans voitures, pleine de touristes et de boutiques le long de la rue principale. Dans notre auberge nous rencontrons un Colombien qui voyage principalement à pied en Amérique du Sud. Ce soir là Christophe a eu droit au pire café glacé du monde !







Le lendemain, nous réglons nos réveils à 4h00 du matin, nous déjeunons à la réception de l’hostel et départ pour la longue montée, direction Machu Picchu. Il s’agit de centaines de marches à gravir en croisant parfois la route que les bus empruntent, bondés de visiteurs prêts à payer le prix fort pour ces 10 minutes de route. La montée se fait sous le jour qui se lève petit à petit, nous dévoilant un paysage à couper le souffle. Vers 6h30 nous arrivons aux portes de la cité. Le temps de passer le portique d’entrée, de marcher encore quelques minutes et le Machu Picchu se présente à nos yeux ! Difficile à décrire un moment si précis et si personnel. Les premiers rayons de soleil arrivent, les dernières brumes disparaissent, 2000 personnes se massent autour de nous mais le site est tellement grand qu’il y règne un calme et une sérénité incroyables. Nous restons à contempler cet endroit durant plus d’une heure presque sans se parler.







Ensuite, pour continuer sur notre lancée sportive nous attaquons la terrible ascension de la montagne Machu Picchu pendant environ deux heures. A la clé, une vue panoramique sur les montagnes environnantes et le Machu Pichu tout petit, 800 mètres plus bas. Pour nour récompenser, nous sortons à ce moment-là la viande séchée et la petite Arvine commandée par Christophe en manque de terroir suisse. 









Nous faisons presque d’une traite la descente du Machu Picchu – Aguas Calientes – Hydroelectrica. La nuit est déjà tombée quand nous atteignons l’exploitation hydroélectrique et nous tombons par chance sur quelques taxis qui attendent les derniers marcheurs. Notre chauffeur nous emmène à 30 minutes de là, à Santa Theresa où nous plongeons aux alentours de 22h00 dans des bains thermaux de plus de 30 degrés. Je dois dire que rarement j’ai eu une sensation aussi agréable que ce moment de détente après nos longues heures de marches.


dans le coffre


dans le bus... sur un tabouret




Du 9 au 13 aout – Lac Titicaca (Bolivie)

Après avoir quitté la région du Machu Picchu et après une nuit dans un très mauvais hostel de Cuzco, départ pour le lac Titicaca et la Bolivie. Nous passons 8 heures dans un bus et arrivons à Puno. Nous avons choisi de ne pas nous y arrêter et d’aller directement à Copacabana, après la frontière bolivienne. Nous arrivons le soir et remarquons plein de voitures devant l’église du village, les gens dormant dans leur  voiture. Apparemment, ils étaient là pour « baptiser » à la bière leur voiture le lendemain. En voyant le nombre de voiture au cœur de cette petite ville le jour suivant, nous avons compris pourquoi des gens campaient afin d’être les premiers à passer devant le portail de l’église ! Après un bref retour à la frontière Pérou-Bolivie pour annoncer notre présence dans ce nouveau pays, nous nous dirigeons vers le port pour embarquer sur un petit bateau en direction du nord de l’Isla del Sol. Après un rythme très soutenu et des jours remplis de 1000 activités, nous voulions vraiment nous poser et cet endroit paradisiaque est fait pour ça. On aurait sans doute pu rester là une semaine entière pour se reposer mais nous ne sommes finalement restés que deux jours, faute de temps… Coucher de soleil, bières, omelettes à la Cristobal, souris dans la chambre, marche, parfait…














Du 13 au 16 aout – La Paz – Huyana Potosi

Après ces deux jours de « vacance », il était déjà temps pour moi d’arriver à la fin de mon séjour sud-américain. Mais avant de partir, il nous restait à découvrir La Paz et ses 1,5 millions d’habitants à près de 4'000 mètres d’altitude. Dans la région de La Paz, nous nous étions fixé un objectif ambitieux depuis longtemps : Le Huyana Potosi, 6'088 mètres ! A notre arrivée à La Paz nous allons nous renseigner sur la possibilité de le faire, en sachant qu’il me reste 3 jours avant mon départ en avion. A peine le temps de se faire du souci et de se rendre compte dans quoi nous nous embarquions que les papiers étaient signés et le rendez-vous fixé au lendemain à 9h00 avec nos guides. Normalement l’ascension se fait sur 3 jours, dont un pour l’acclimatation mais nous avons choisi la version 2 jours, car on est des warriors et que ça fait 2 semaines qu’on se balade à plus de 3500 mètres et que mon avion n’allait malheureusement pas m’attendre! Avec nous pour quitter La Paz, nos guides et deux brésiliens qui tentent également l’aventure. Ils vont énormément souffrir de l’altitude et passer une nuit de galère. Nous laissons notre mini bus au pied de la montagne, à 4600 mètres. A partir de là, tout se fera à pied.




La fameuse montagne !











Notre camp d’altitude se situe à 5100 mètres. Nous y arrivons après 2 heures de marche aux alentours de 16h00. Nous rencontrons les autres personnes qui feront l’ascension avec nous, un couple de savoyards et un anglais. A 17h00 nous soupons et à 18h00, une fois le soleil couché, tout le monde essaie de s’endormir car le réveil est prévu à 0h30 du matin ! Cette nuit fut étrange car à cette altitude, difficile de s’endormir, il fait froid et on ne peut pas s’empêcher de penser à la montée du lendemain qui s’annonce redoutable !
A minuit, tout le monde debout (sauf les brésiliens qui vomissent). Nous nous préparons pour les 1000 mètres de dénivelé qui nous attendent dans la nuit. Heureusement cette nuit là il n’y avait pas de vent donc la sensation de froid (-15 degrés) était moins forte. En file indienne, nous démarrons à un rythme très, très lent car notre souffle nous empêche d’aller plus rapidement. Au bout de quelques minutes ou de quelques heures, on n’arrive plus très bien à se rendre compte du temps qui passe. On a l’impression d’avoir marché deux heures alors que le guide nous dit que ça fait dix minutes qu’on y est. Les lampes frontales des autres cordées au loin ont quelque chose de décourageant, car c’est la seule manière de prendre conscience des distances à parcourir : nous sommes tous plongés dans la nuit. Durant cette montée, les lumières de la ville de El Alto (la banlieue de la Paz) sur notre gauche au loin m’ont vraiment impressionnées, car elle rende bien le gigantisme ces quartiers. A partir de 5500 mètres, l’effort devient vraiment difficile. Chaque cinquante mètres, une pause est nécessaire. Nous arrivons à l’arrête finale, exténués, ayant déjà pensé dix fois à abandonner. Le jour se lève doucement. Ce dernier obstacle est vertigineux, des deux côtés, des centaines de mètres de vide. Finalement nous arrivons quand même à bout de ce sommet avec fierté. Arrivés là haut avec ces deux nigaud a vraiment été une fin de voyage parfaite pour moi. Nous restons 15 minutes au sommet, le temps de contempler tout ce qui nous entoure et de réaliser gentiment que nous l’avons fait ! La descente nous a paru longue, car le soleil était bien présent et l’effort que nous venions de faire se faisait ressentir. C’est à ce moment que nous avons vraiment pris conscience de tout ce que nous avions monté. Après avoir enlevé nos combinaisons et mangé  à la cabane, nos sommes redescendus jusqu’à notre véhicule puis nous avons pris la direction de La Paz. Il était seulement 14h mais nous avions l’impression d’avoir déjà vécu un jour complet.






LE guide





Ces trois semaines ont passé beaucoup trop vite ! Nous avons gravi cette montagne la veille de mon départ. Je n’ai rien vu passer et j’étais triste de devoir déjà laisser les deux, mais malgré la durée du séjour, je ne regrette pas d’être venu rendre visite à Christophe au bout du monde. Pour  finir en beauté ce voyage, nous sommes allés au restaurant Swiss Fondue à La Paz, tenu par un fribourgeois établi en Bolivie depuis 6-7 ans. Nous passons ensuite la soirée en compagnie de six autres Suisses. La fin du voyage et le retour en suisse venaient de débuter pour moi.




Le lendemain, debout à 4h00 pour rejoindre l’aéroport d’El Alto. Les deux nigauds ont fait l’effort de m’y accompagner malgré nos exploits sportifs de la veille et la courte nuit passée (merci à eux !). Le temps de déposer mon sac et il est déjà temps de faire mes adieux à mes deux amigos !





Ce voyage a réuni tous les éléments pour être mémorable mais ce que j’ai vécu durant ces trois semaines a vraiment dépassé mes attentes. Plaisir d’avoir découvert une région, des gens, une culture, plaisir d’avoir passé du temps avec des éternels amis, plaisir d’avoir refait le monde et de se prendre le chou dans des discussions sans fin, plaisir d’avoir découvrert l’univers que Christophe côtoie depuis une année et demie. On se revoit dans un an amigo ! Merci pour tout et profite de la suite de tes aventures ! Je me réjouis déjà de te retrouver !

La suite du voyage, c’est pour Mic !

Emilien R.




Michael

Texte de Michael

Eh oui ! Je prends le relais afin conter au monde les trois dernières semaines de ce voyage. Pour le salut de tous, je tâcherai de retrancher à mon texte l’homosentimentalité qu’a témoignée notre néanmoins très cher Ross. Ces trois dernières semaines en amoureux, aux chandelles et à la vaseline (que l’on n’y entende rien d’autre qu’un palliatif aux nombreuses plaies et irritations des suites de l’ascension du 6000m !) se sont déroulée sur le vaste territoire bolivien. C’est parti !


Confessions d’un geek

Bien qu’on attend des voyageurs qu’ils profitent intensément de leur séjour, Christophe et moi n’en pouvions plus du rythme soutenu que nous avions mené jusque là. Du coup, on a calmé le jeu (quoique pas vraiment) et on s’est donné quelques jours à la Paz. Emilien n’était plus là (enfin !) et cela nous a permis de ressasser notre jeunesse commune, confidences sur confidences dont je ne vous dirai rien. Mais pour ceux que ça intéresse, vous le découvrirez par vous-même, s’il rentre vivant. Comme dit, Christophe a changé (je dévoile là la phrase que tout le monde attendait). Mais changé en quoi ? Alors qu’on s’attendrait au discours sur l’homme accompli, qui aurait enfin retrouvé ses racines, et qui serais par ce fait complet en son être, j’opte plutôt pour le discours sur l’homme féminisé accompli. Quoi ? Christophe, un être féminisé ? Bon, ne poussons pas mémé dans les orties, il n’a pas fait de comming out. Je veux simplement signifier qu’il a brisé certaines barrières sociales, qu’il a mieux compris qui il était. Et c’est en ce sens qu’il s’est renouvelé. C’est du moins comme cela que je le vois. Ayant suffisamment dévoilé sur son intimité, passons aux choses dont l’importance n’est pas à remettre en cause. Je veux bien sûr parler de l’art du jeu vidéo. D’un point de vue objectif, il n’est pas trop osé d’alléguer que Christophe et moi-même possédons des uberskills de PGM. Nous avons donc passé quelques heures dans quelques cyber cafés. Toutefois, nous n’avons pas pu farmer MC en vanilla, lui en heal, moi en dps cac, afin de looter le t1, dont le skin nous renvoie sans doute tous à une profonde nostalgie. Nous nous sommes rabattus sur des activités virtuelles qui, disons… n’a pas vraiment mis nos compétences à l’épreuve. Bref, un retour à une vieille passion commune.
Si chacun n’est pas doué du vocabulaire suffisant pour comprendre ce dernier passage, ce n’est pas vraiment grave, il s’agit juste d’une partie de ce qu’est Christophe.

Perspective salée et nouilles japonaises

Après quelques jours de repos, nous quittions de la Paz pour rejoindre l’incontournable Salar d’Uyuni. Le trajet en bus, Emilien en a déjà parlé, a été particulièrement insupportable. Les Boliviens cultivent un amour profond pour leur musique traditionnelle. Mi corazon, Santa Cruz, mi amor, La Paz, llorar, Puno sont des paroles pleines de sens et vides de tout que l’on retrouve dans chacune (TOUTES !) des chansons. Les chanteurs crient leurs amours déçus sur fond de batterie-synthé et de charango. Autant dire que les boules Quies ne sont d’aucune aide.

Nous sommes donc arrivés dans la petite ville d’Uyuni tôt le matin. A Uyuni, à 7h00 du matin, il fait froid. Nous avons donc couru rejoindre l’hostel le moins cher de la ville avant d’acheter les billets pour un tour guidé d’un jour. Une fois satisfaits de notre achat, nous sommes partis nous reposer. Bien sûr, c’est sans compter sur cette capacité infinie des Boliviens de nous surprendre, souvent à nos dépends. Les citoyens d’Uyuni avaient spécialement attendu notre venue pour organiser des répétitions de danse en vue que la fête du village à venir se passe au mieux. Pour faire court, répétitions dans la rue, sono à coin, sieste ratée.





Nous avons donc patiemment attendu le tour du lendemain. Christophe avait déjà traversé le Salar à vélo. Il a donc pu frimer un peu devant le couple d’Espagnol, l’Argentin et l’Allemand qui nous ont accompagné lors du tour. Parce que oui, en fin de compte Christophe se la pète un peu avec ses histoires de vélo (no offence), mais ça reste bon enfant. Bref, nous sommes partis en 4x4, avons fait une halte dans un village de touristes avant d’entrer dans le Salar, en commençant par un cimetière de trains. Monticules de sel, gîtes et baraques en briques de sel, musée de statues de sel. Autant dire qu’en cette région, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, c’est-à-dire du sel. Ah ça y’a du monde pour construire des mausolées de sel, mais pour en mettre sur la route quand il neige… mais c’est une autre histoire. Comme en Bolivie, on va de surprise en surprise, nous n’avons pas tardé à tomber sur la suivante, et pas des moindres, en plein milieu du Salar d’Uyuni. Rien d’autre qu’une roulotte japonaise, foutue de deux caméramans de la télé japonaise sans oublier le chef cuisinier, vendaient des nouilles japonaises, en Bolivie, des nouilles japonaises, dans un désert de sel, des japonais… Avec eux, on sait toujours qu’on sera surpris, mais on ne sait jamais à quoi s’attendre. Nous n’étions pas déçus. Ricooooo, qu’il criait le chef ! On en a bien sûr mangé avant de repartir faire de photos sans perspective, comme tout bon touriste qui se respecte. Puis, l’île aux cactus (le Salar est originellement un lac) que nous a vanté notre guide. Bon oui, c’était pas mal, mais des cactus, y’en a partout autour du Salar.  















Une fois rentrés, nous avons donné rendez-vous à Federico, l’Argentin du groupe. Nous pensions trop convenu d’aller dans un bar bolivien. C’est pour cela que pour une fois, on est allé dans le plus gros bar de touriste du coin, le EXTREM FUN BAR. Leur spécialité à eux, c’est le sperme de Lama. Personne n’a osé essayer, quoique Christophe ait longuement hésité. 

Bilan du salar : ça vaut la peine d’y aller, mais pas si impressionnant que ça en fin de compte, car du blanc, on en a plein les montagnes. Par contre, sans doute détonnant pour ceux qui n’ont jamais vu la neige.


Du Sucre à la Paix

Après avoir vu ce qu’il y avait avoir à Uyuni (c’est-à-dire peu), nous sommes partis pour Sucre, la capitale constitutionnelle bolivienne, en passant par Potosi. Il n’y a vraiment pas grand chose à dire à propos de nos activités. C’est parce que la ville blanche, ancienne ville coloniale évidemment, a quelque chose de reposant. Nous nous sommes baladés, avons arpenté le marché, avons pris le temps de prendre le temps. Nous avons fait la connaissance de deux israéliennes la veille de notre départ. Or, nous étions samedi, elles étaient pratiquantes, donc bloquées. Christophe a pu découvrir (en se moquant, sans surprise) les contraintes et les rites et coutumes juives, comme le Shabbat.

Nous avons laissé cette capitale pour rejoindre à nouveau la capitale économique, La Paz après quelques jours seulement. Pauvres de nous, le bus nous y a reconduit. Le trajet devait durer 14h, il en a duré 24h. La raison ? L’été pour nous, c’est l’hiver pour eux. Et l’hiver, il y a de la neige dans les montagnes boliviennes. Il était prévisible que les bus n’étaient pas équipés de pneus d’hiver, encore moins de chaînes. Quant au sel, nous y revenons. Alors que la Bolivie possède une des réserves de sel les plus importantes au monde, personne ne l’utilise pour saler les routes. Bon, c’est plus compliqué que ce qu’il y paraît, mais tout de même. Être bloqué pendant 10h, de nuit, à cause de la neige (Qu’on s’accroche, je parle là de 3 centimètres) alors qu’il y a du sel en veux-tu en voilà à quelques kilomètres, c’est pas cool (pour rester poli). On rencontre dans le bus un couple d’Argentins, partenaires de galère. Une fois arrivés, nous les avons emmenés dans notre hostel de prédilection de la Paz et avons partagé un maté argentin.

Le lendemain, prochaine et dernière étape : la jungle !




Piranha et croissants aux jambons

Je saute les quelques jours passés à la Paz et aborde directement notre voyage en bus, 24h en perspective jusqu’à Rurrenabaque, un village qui s’ouvre sur l’Amazonie. Quelques jours plus tard, donc, et les billets de bus (et d’avion pour le retour) en poche, nous embarquions pour Rurre avec une heure de retard. Du retard, oui, du retard. Il fallait charger les bagages – c’est là un euphémisme – des passagers. Par bagage, j’entends cageots de tomates, légumes divers, tout ce qui peut se vendre, mais aussi un moteur de voiture. Une fois que tout le monde avait embarqué, nous avons pris conscience que tous les gringos avaient été placés au fond. C’est là que nous avons fait la connaissance de Gion, un Fribourgeois et d’Amanda, une Lucernoise. Ce voyage a été le pire de tous, il a failli nous être fatal. Pour cause, nous avons emprunté une route semblable à la route de la mort. Mais la Pachamama a dû nous épargner. Une fois arrivés, nous (Christophe, Amanda, Gion et moi) nous faisons aborder par un Européens : « Vous êtes français ? Vous avez la gueule de Français ! ». Cette charmante personne n’était autre que le boulanger du village, cité par tous les guides pour être une très bonne boulangerie. En bon vendeur, il nous a amené dans un hostel luxurieux, à deux pas de sa boulangerie. Mais ce n’est pas la pâtisserie française qui nous intéresse (quoique nous en avons mangé chaque matin), mais bien la jungle.


Rurre


Au programme, un tour guidé de trois jours avec six autres personnes dans la pampa. (Mal)heureux hasard, un groupe de trois français et une parisienne en plus d’Amanda et Gion. Ce fut trois jours d’intense bonheur, toute mesure gardée. Dans le désordre, chasse à l’anaconda, nage avec les dauphins, pêche au piranha (du steak de bœuf au bout de l’hameçon), scène de reproduction de Capybaras (rongeur de la taille d’un gros chien). Mais le must, c’étaient les alligators et les caïmans.












Au deuxième jour, notre guide Jimmy a décidé d’accoster sur une rive, nous disant qu’il allait chercher des fruits avec lesquels nous allions nous tatouer. Avant de laisser le groupe dans la barque, nous l’avons entendu appeler à plusieurs reprises : « Casimiro ! Casimiro ! ». Casimiro est un alligator d’une vingtaine d’années qui se trouvait sur l’autre rive. Sans broncher, la bestiole a plongé fissa pour rejoindre notre barque sur l’autre rive. Un animal domestique en somme. Quelques secondes plus tard, nous voyions du remous, dans l’eau, à côté de notre barque. Tout le monde a précipitamment reculé alors que la gueule de la bête faisait surface. Après un instant, nous avons bien vu qu’elle ne nous ferait aucun mal, nous avons donc pu la photographier de près et même la toucher. Bon, on rigole, on rigole, mais on ne faisait vraiment pas les fiers sur le moment, pour sûr !







Casimiro


Suite à cela, le voyage s’achevait déjà pour moi, bien que nous soyons tout de même restés quelques jours de plus à Rurrenabaque. Le retour en avion (2h au lieu des 24h de bus à l’aller) a été salvateur. Encore quelques jours à la Paz et nous nous quittions déjà. Après un dernier repas copieux dans un restaurant chic (un des seuls de tous le voyage), Christophe et moi nous sommes fait nos au revoir, sans pleurer, comme des grands. Plus de cinquante heures de voyage m’attendaient avant d’arriver à Genève, ou Emilien, Aurore et Célia, des amies, m’attendaient. Je m’arrête là, mais il y aurait bien évidemment encore à dire.

A dans une année jeune fou, fais en sorte de rentrer en vie !


Michael G.



La suite de mes aventures (Cristobal)

Après cette petite pause de nigaud qui m'a fait un bien fou, je suis retourné à Lima. Je pensais y rester 3-4 jours pour préparer mes affaires et m'en aller. Ça fait maintenant un mois que j'y suis et j'ai toujours pas envie de repartir. Pourtant si je veux sortir du pays à temps et arriver pour Noël à Cali, en Colombie, je dois me résigner à continuer le voyage. Je remercie donc Leticia, Daniela, Yuri, Felipe et sa famille chez qui j'étais "à la maison". Je ne commenterai pas plus mon séjour à Lima, il se résume surtout à un enchaînement de fêtes et autres histoires illicites dont je ne pourrai malheureusement pas évoquer sur ce blog, lu par ma famille (et surtout par mes grands-parents).

Mais si vous voulez quand même une histoire brève: Une demoiselle m'a proposé sérieusement en mariage pour que je puisse obtenir la nationalité péruvienne et rester plus longtemps au pays. J'ai un peu hésité. Dommage qu'on ne puisse pas avoir plus de 2 nationalités, j'aurais pu commencer une nouvelle collection...

Quand j'ai dit "résigner à continuer le voyage", c'est pas non plus le bagne hein ! Comme j'ai plus envie d'avoir froid et que j'ai assez vu de montagne, je prendrai le capte vers l'ouest, vers la jungle. Une nouvelle aventure m'y attend, bien différente de ce que j'ai vécu jusqu'à maintenant. J'ai le projet de m'aventurer en Amazonie et de me rendre en Equateur avec ma propre embarcation. Oui oui, mon petit bateau rien qu'à moi ! 

Je ne vous en dirai pas plus, la suite au prochain billet...



En attendant, la vidéo de nigaud !