lundi 22 avril 2013

En route vers le nord



Le dernier billet a provoqué de vives réactions et vous êtes nombreux(se) à me l’avoir fait savoir. Bien que ce n’était pas voulu, je tiens particulièrement à vous remercier de ne pas m’avoir oublié après une année. Les aventures reprennent, on repart pour une année de plus !


3 jours de piste

La dernière fois, je vous avez laissé exactement le jour où j’ai quitté Santiago. Revenons un peu en arrière pour vous conter ce fabuleux dernier week-end.


Si je suis parti début mars, c’est pour plusieurs raisons. Dont celle de fêter mon anniversaire juste avant de continuer mon périple. Le vendredi 1er mars, j’ai donc fêté mon départ et mon anniversaire en même temps, exactement comme en Suisse aux mêmes dates. J’ai voulu fêter ça à la chilienne, avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de viande et tout autant de bruit. Un anniversaire qui restera dans les annales, moi j’vous l’dis.

















Étaient présent les amis et une partie de la famille. C’était un peu beaucoup le bordel et personne n’a fini sobre, signe que c’était réussi.







Après avoir fait mes adieux aux copains et m’être remis de tout ça, le samedi je vais voir mon grand-père une dernière fois. On s’échange de sages paroles, on s’offre d’ultimes souvenirs, on se prend dans les bras et on se dit bon voyage. Personne n’est dupe, on sait tout les deux qu’on ne se reverra certainement plus. On le sait sans se le dire. On le sait depuis le début. J’étais venu pour lui et j’en ai profité un maximum. Je repars avec des souvenirs plein la tête. C’était finalement ça l’important.




Le lendemain dimanche, jour J, on organise un dernier dîner en petit comité familial. Après le dessert, on part à 3 voitures à la périphérie de la ville pour me voir réellement sur le vélo. (comme vous, beaucoup n’y croyaient toujours pas)





L’émotion chez tout le monde est forte, l’ambiance est lourde, je monte sur le vélo, donne mon premier coup de pédale sous les acclamations de la foule en liesse, manque évidement de me casser la figure en voulant saluer de la main, puis finalement m’élance. Les mouchoirs blancs se font de plus en plus petits jusqu’à ce que je ne distingue plus rien. Cette fois ça y est, je suis seul et l’aventure est droit devant moi. Direction, le nord. Direction, les Caraïbes !!! 

Chau chau


Départ en douceur

Les premiers jours, c’est toujours un peu l’ascenseur des émotions: « Qu’est-ce que c’était bien ces 8 mois. » « Mais qu’est-ce que je fou à nouveau sur un vélo ?! » « Je me réjouis de voir la mer ! » « Je rêve ou j’en ai déjà marre de pédaler ? » « Oh, tiens, c’est joli par là-bas ».
J’avoue, je galère toujours dans les montées. En huit mois, on a largement le temps de perdre les jolis muscles qu’on s’était fait jusque là. J’ai simplement du recommencer à zéro physiquement. Alors que mentalement, après toute l’expérience accumulée cette année, je suis plus fort qu’Arnold Schwarzenegger. (Oui oui)

Pour moi ce panneau signifie :
descend de ton vélo et pousse les 4 prochains kilomètres.

Chau chau Santiago

La bonne nouvelle, c’est que j’ai prévu 3 jours de pause dans un camping près de la plage après seulement une centaine de kilomètres. Pas parce que je suis trop fatigué, mais parce que j’attends mes nouveaux coéquipiers. Les deux belges de Santiago, vous vous en rappelez ? J’ai dit que j’allais certainement les revoir ces deux là. Et bien il se trouve que je les ai invités à ma fête de départ et de là, on a eu le temps de discuter. Eux qui pensaient passer directement en Argentine depuis Mendoza, ils ont été séduits par mes projets au Chili et on s’est mis d’accord pour rouler ensemble les prochaines semaines. Fini les aventures en loup solitaire, dorénavant, on est une bande !
J’aime bien ça moi, les bandes. 

La Belgique sous le soleil patagonien.

Pour rappel, Cindy et Jérôme on commencé leur voyage dans le sud du continent en décembre dernier. Ils remontent vers le nord direction l’Equateur ou la Colombie, ils ne le savent pas trop encore. Ils finissent leur voyage en septembre de cette année ou plus tard, ça non plus ils ne le savent pas encore. C’est pour tout les deux leur premier voyage et ils ne sont tellement jamais d’accord sur rien, que je me demande comment ils ont fait pour arriver ensemble jusqu’ici.
Ils ont un chouette blog : enviecyclette.com

Le 95% des photos qui vont suivre ont été prises par Cindy. Merci Cindy.


Après les avoir attendu 3 jours (et 3 heures le matin du départ, parce le belge est lent au réveil) on se met en route. Pour moi c’est une première ! Rouler avec d’autres cyclos, c’est du jamais vu ! On est une bande, une meute, un bataillon, une multitude. Alors je dois avouer que, même si j’ai une petite préférence pour le voyage en solo, rouler à plusieurs c’est quand même bien marrant. Comme dirait Cindy, c’est « gay » de rouler à trois.





Papudo

On a pour projet de suivre un moment la Ruta 5 (artère principale du pays faisant partie du  réseau routier reliant les deux Amériques et portant le doux nom de Panaméricaine). Ensuite, quand elle s’éloignera de la côte, on continuera sur les petites routes dans les terres. Juste avant cette fameuse autoroute, mon oncle et sa famille m’ont fait la surprise de leur présence. A seulement 2h de Santiago il s’est dit « mmmh et si on allait emmerder le filleul ? ». Gros coup de chance, ils sont tombés sur moi juste au bon moment.


Le tonton essayant vainement de conduire ma bécane.




J'ai cru possible le transport de 12 œufs dans un sac plastique.
J'ai eu tort.

Pas vilaine la Ruta 5

Arrivé à Los Vilos, on tente de trouver un logement pas cher. Pendant que Jérôme négocie, je discute avec Esteban qui prépare un court voyage dans le sud à vélo et qui nous a arrêté dans la rue pour nous poser des questions. Il en a tellement qu'on se retrouvera plus tard dans la journée pour en discuter.

Quand Jérôme négocie, c'est pas du chiqué.


On retrouve donc Esteban dans l’après-midi qui nous invite d’emblée à une soirée chez un ami. L'ami en question c’est Rodrigo, biker aux allures de mauvais garçon, propriétaire du magasin d’alcool de la ville et marié à une petite dame propriétaire, elle, du bazar. Ce soir là il y avait beaucoup de monde, le vin a coulé à flot, la soupe de poisson était exquise et la Marie-Jeanne local onctueuse. (moi j’y ai pas touché parce que la drogue, c’est mal, mmh voyez.) Le lendemain on sera finalement invité à dormir chez eux, c’est plus pratique pour décuver.

La caverne de Rodrigo
Chez lui
Esteban racontant des trucs que Jérôme et Cindy feront semblant de comprendre.




2ème soirée beaucoup plus douce, parce que faut pas non plus exagérer.


On continue notre périple direction le nord et on ne manque pas de s’arrêter dans l’empanaderia des « meilleurs empanadas au fromage du monde ». Ça fait 3 jours qu’on nous en parle. Alors entre nous, oui, l’empanada était bonne. Ou plutôt, c’est la première fois que je mange une empanada au fromage pas dégueulasse. Meilleur du monde meilleur du monde… c’est pas non plus du fromage suisse hein…



Cindy elle fait des photos de nourriture,  parce que c'est une fille.
Et les filles aiment faire des photos de nourriture.

On entame les choses sérieuses vers Canela Baja, où on décide d’entrer à l’intérieur du pays pour quelques jours. Routes plus calme mais plus dénivelées et surtout, plus chaudes. Les gens quand à eux sont toujours aussi sympa. Entre ceux qui s’arrêtent sur la route pour discuter ou pour nous filer des fruits et ceux qui mettent littéralement en branle leur village pour nous trouver un abri pour la nuit, on se sent soutenu sans arrêt. Et voyager dans ces conditions, c’est le rêve. Pour couronner le tout, on se balade dans des vignobles en plein désert, juste avant les vendanges. L’odeur est… mmmh… comme à la maison au mois d’août.




Ce soir, dodo à l'église.
Mais par terre, parce que faut pas déconner.




Ce soir, dodo dans le centre culturel.

La seule ombre au tableau, c’est que Jérôme a mangé une saloperie et peine à avancer. Après plusieurs arrêts d’urgence et après qu'il ait fertilisé la moitié du pays, on décide avec Cindy d’arrêter une camionnette. L'important c'est qu'il puisse rapidement récupérer au prochain village. On lui demande pas son avis  parce qu’il dira non de toute façon. Une fois les deux vélos chargés, je salue mes compagnons d’infortune et continue le reste de la journée en solo.



Il fait le malin, mais plus pour longtemps.

Alors Mettaz ? C'est de la belle vigne ça non ?


Quelque jours plus tard, on débarque à Ovalle, capitale de la région. On avait décidé de s’y reposer quelque jours, Ovalle en a décidé autrement. Cette ville mes amis, c’est un cauchemar, un bordel à ciel ouvert (je parle d’un vrai bordel donc, celui avec les filles de joie). Les ouvriers de toute la région y viennent pour picoler et s’abreuver en femme. Les rues vomissent d’alcooliques, la circulation y est oppressante et on y ressent une certaine hostilité. C’est le week-end, on ne pourra pas camper dans les abords de la ville car ces endroits sont généralement pris d’assaut par la jeunesse pour picoler. On commence donc à ratisser le centre pour trouver un logement abordable. Il est 16h, on a le temps. On tombe par hasard dans le quartier rouge, à une rue de la place principale. Manque de chance, c’est vraiment glauque. On rigole un peu en serrant les dents, puis on continue plus loin. Les premiers prix qu'on nous donne pour une simple chambre dépassent du double de notre budget. C’est pas grave on continue, on trouvera bien quelque chose de moins cher plus loin. Le moral baisse doucement car tous affichent le même prix. On slalome entre les nombreux taxis, je mets mon pied à plusieurs reprises sur leur carrosserie pour les empêcher de me rouler dessus et on tombe finalement sur une résidence accessible. Il est 19h. On accepte le prix même si c’est un peu cher, visiblement on n’aura pas trop le choix par ici. Oui mais voilà, lorsque la patronne (vieille maquerelle aux bigoudis violets et linge de bain de mauvais goûts) voit nos vélos, la réponse se fait sonnante et trébuchante :

- Non, il n’y a pas de place pour les vélos.
- Mais heu… dans le couloir là, ça passe facilement.
- Nan, je préfère pas.
- Et il n’y a pas un autre moyen ?
- Mmh. Nan. (le « nan » est prononcé avec un faciès de dégoût)
- Mais vous allez refuser des clients parce que les vélos ça fait pas joli dans le couloir ?
- Mmh. Oui. (me faisant signe de m'en aller)
- Bien, merci quand même. (Dans ma tête ça ressemblait plus à un : «Je suis à deux doigts de t'arracher tes bigoudis, vieille larve dégoulinante.)



Il commence à se faire tard, les gens dans la rue paraissent de plus en plus étranges. On demande dans les hôtels, au cas où. Sauf qu'ils n’ont pas de prix pour une nuit, mais tarifent à l’heure. Pas besoin de vous faire un dessin. Après un passage infructueux chez les policiers et les pompiers, on nous renvoie dans le refuge catholique des sans abris. L’idée fait pas rêver mais on a plus trop le choix, rester dans cette ville de nuit serait bien pire. La fatigue se fait sentir, ça commence à gueuler (enfin surtout le couple, moi j’ai pas grand monde sur qui passer mes nerfs). Devant la porte de l’institution qui n’ouvre qu’à 19h30, on se sépare. Jérôme décide quand même d’aller retenter sa chance en ville. Je reste avec Cindy qui est sur les nerfs.

Les premiers résidents (alcoolisés) arrivent et s'approchent de nous pour discuter. Travailler une année avec ce genre de population ça aide quand même pas mal, les réflexes reviennent vite. Tout se passe bien jusqu’à ce qu’un autre groupe de trois mauvais garçons débarquent. Un d’entre eux s’approche de Cindy. C’est le déclique dans ma tête: Cindy, c’est une fille.
Bon sang ! Une fille !

Voyager avec une fille ça change absolument tout ! Je n’y avais jamais pensé jusque là, mais voyager avec une fille, ça change le regard des gens! Un des ivrognes commence à lui toucher le bras et se fait insistant. Et Jérôme qui n'est toujours pas de retour... Les règles ont changées, il s’agit de déguerpir d’ici au plus vite. Je brèle à Cindy qu’il faut quitter les lieux dans la minute. On s’en va dans la confusion en portant les affaires de Jérôme comme on peu. Le nouvel amoureux de Cindy colle sa proie. Elle lui gueule un bon coup dessus et me suit dans la fuite.
Personne n'a suivit. On souffle un peu. Jérôme tarde à revenir et quand enfin il se pointe, il nous apprend qu’en plus de ne rien avoir trouvé, il a failli passer sous un taxi. La nuit tombe, c’est trop tard, on abandonne. Ce soir on paiera une chambre beaucoup trop chère et on n’y restera que pour une nuit. La seule idée qui nous motive c'est de quitter cette ville au plus vite. Tant pis pour les jours de repos.


En route vers le beau

Après l’aventure Ovalle, on reprend avec une grande excitation la route de la campagne dans la vallée Hurtado. On enchaîne les petits coins de paradis en gardant en mire notre objectif de la semaine : la vallée del Elqui, réputée pour son pisco, ses contrées verdoyantes et son ciel nocturne.









Chaque fois qu'on débarque sur la place d'un village, Cindy drague tout ce qui bouge.




Sauf qu’avant d'arriver dans cette fameuse vallée, on doit passer un col à 2000m. C’est pas très haut mais le chemin est mauvais, très mauvais. C’était certainement le jour le plus difficile qu’on ait fait ensemble, mais c’était sans aucun doute le meilleur. Les pentes étaient tellement raides qu’il fallait pousser le vélo sur plusieurs mètres. Même ça c’était pas gagné.


Lui qui ne pousse jamais son vélo,
alors que pour moi c'est la routine.


Un monsieur à moustache est tombé de sa moto juste avant le col.
On l'a aidé à pousser parce qu'on est des chics types.




Parents de Jérôme : votre fils se protège.
(Mais ça lui fait une sacré gueule de con.)


La vallé del Elqui à portée de main.

Contents

Arrivé à Vicuña, on tombe sur un petit havre de paix. On y restera quelque jours pour profiter de l’atmosphère très particulière de la vallée.

Passage écrit par Jérôme sur leur blog :

Vicunia, et toute cette région du Chili est pourvue de condition climatiques exceptionnelles.  Dans le monde, les régions aussi propices à l’observation astronomique se comptent sur les doigts d’une main (+ un doigt).  Et cette dernière fait même partie du top 2 avec un ciel pur et tout un tas de critères réunis qui font d’elle la région des observatoires scientifiques qu’on choisit les américains pour installer leurs télescopes à 2 milliards de dollars. En quelques chiffres cités de tête, ici c’est  311 jours de ciel observable par an. C’est-à-dire des jours qui réunissent toutes les conditions du cahier des charges. Seulement six jours en moyenne de pluie par an, mais seulement deux pour l’année dernière. 



Comme c’est l’endroit idéal pour admirer les étoiles, on se rend sans hésitation dans un observatoire de tourisme tenu par un français. On passera la soirée à contempler planètes et étoiles dans d’énormes télescopes et à écouter les histoires passionantes de notre astronome lunatique. Etant un grand fan de science-fiction mais une pive en astronomie, je me suis régalé. Jupiter, Saturne, la lune, des étoiles, des galaxies et autres nébuleuses ont pu être observées cette nuit là.

Entre nous, lorsque j’ai aperçu Jupiter dans la lunette, j’ai été ému. Sincèrement. J’en avais les frissons et j’ai encore l’image gravé dans mon esprit. Gros coup d’émotion également en observant une galaxie voisine et ce soleil mort, flottant tristement dans le néant stellaire.

C’est décidé ! Prochain voyage à vélo, ce sera l’espace !


Photo prise depuis le dedans du gros télescope.


Après ces quelque jours de repos on décide de mettre le cap à l’est pour fêter nos adieux au village de Pisco. Pisco del Elqui où on y fabrique du… Pisco. Le programme de Jérôme et Cindy c’est de passer en Argentine par le paseo Agua Negra, à plus de 4700 mètres (ils sont un peu fou ces belges, ils ne se sont quasiment jamais rendu en altitude). Quand à moi je me rendrai à l’ouest pour longer la côté jusqu’à Antofagasta. Au village on y rencontrera Elise et Matis, deux français de Tahiti en voyage pour quelques mois sur le continent. Après une longue soirée suivie d’une belle gueule de bois (le pisco est traître) , je quitte définitivement mes compagnons de route. On se souhaite bonne chance et surtout, à dans un mois. Mais ça, c’est une histoire pour plus tard...



Pisco


Je reprends donc la route seul direction Coquimbo et la Serena. Je passe quelque jours délicieux avec la famille de Leo, un chouette type que j’ai rencontré sur warmshowers (site d’hébergement de cyclo par des cyclo). Ce type est un dingue de vélo. Le projet qu’il démarrera en juin prochain, c’est l’ascension de tous les passages de frontières du pays, à vélo, pour ensuite éditer un guide avec photos et explications de la route. Je rappelle qu’absolument toute la frontière chilienne se trouve dans les Andes. En résumé, il a décidé de se rendre dans les endroits les plus difficiles à vélo, par simple plaisir.


Coquimbo

La famille Léo


Comme Léo a parcouru la moitié du pays à bicyclette, il me donne de précieuses infos sur la route qui m’attendra ces prochaines semaines.

Au programme : plage, plage et … plage.

La Serena


J'ai un peu la flemme de vous raconter en détail ces deux semaines, je laisserai plus de place aux photos. Mais pour résumer j’ai:
dormi tous les soirs sur une plage différente, vu les plus beaux couchés de soleil du monde, un chiot m’aura adopté pendant 2 jours, j’ai rencontré des motards mexicains et brésiliens, je me suis trompé de route et fait 150 kilomètres de plus, j'ai cassé 5 rayons et percé 4 fois etc etc.

LA moto

LE motard



Chañaral de Aceituno




A Vallenar j'ai été hébergé chez les pompiers pendants 3 jours. Même qu'ils étaient très sympa. Un peu bruyant leur sonnette quand même.




Ma nounou pendant 3 jours








Carrizal Bajo






Puerto Viejo
Petit déjeuné avec un pêcheur.

Des gens gentils




Vue depuis la tente au matin.
Ma vie est difficile.

En sortant de Puerto Viejo, un petit chiot des rues m'a suivi sur 15 kilomètres. Comme il avait aucune idée de comment revenir et que moi j'avais aucune envie de faire le chemin en sens inverse, je lui ai proposé de l'amener au village suivant. Il a été d'accord à condition que je lui fasse à manger le soir. Marché conclu, on est resté deux jours sur la plage ensemble.



En photo il bouge pas, mais en vrai, c'est une catastrophe !

Bahia Inglesa





Chañaral




Les derniers jours je me suis arrêté au parque Nacional de pan de Azucar. De là j’ai pris la décision de faire les derniers 200 km en stop. Le problème c’est qu'entre Taltal et Antofagasta, il n’y a ni eau, ni posada (restaurant routier). Et comme la route ne suit plus la côte, je serai obligé de me farcir le désert d’Atacama (qui au passage, est le plus aride du monde). Alors hop hop je lève le pouce et me fait embarquer par Osvaldo et son beau camion tout neuf.








Ceci est un désert.

Et ça, Osvaldo, l'homme au camion tout neuf.



Histoires brèves

- A mon anniversaire, la boisson principale c’était des melons au vin, cocktail fantastique et très connu au Chili. J’ai profité de la soirée pour tenter un nouveau cocktail : pastèque vodka. Un trou dans le haut du fruit et deux bouteilles de vodka plus tard (la pastèque absorbant complètement le liquide) vous avez un cocktail XXXL qui assurera le bon déroulement de la soirée. Une seule pastèque pour 30 personnes. On est pas arrivé à la moitié. 



- Jérôme et Cindy on pour habitude de faire un skype avec toute leur famille à quasiment chaque connexion internet. Ça peut aller jusqu’à 2 ou 3 connexions par semaine. Moi qui en autorise une tous les 5 à 6 mois et seulement avec mes parents, je me suis presque senti mal. Presque.

- Si il y a bien une chose dont je suis fière d’avoir acquis depuis mon arrivé au Chili, c’est ma complète « chilenisation ». C’est pas tout d’avoir la nationalité et la tête qui va avec, faut-il encore être accepté par les siens. Les anecdotes sont nombreuses mais la plus amusante est celle-ci :
Quand j’arrive au parque de Pan Azucar, je suis obligé de rester la nuit dans le camping officiel, car il est interdit de faire du camping sauvage. Les prix affiché sont de 15'000 pesos ou 30.-frs (ce qui correspond à une chambre d’hôtel plutôt luxueuse. Un camping c’est plutôt 5'000). Evidemment  je n’ai pas d’argent pour payer la nuit mais je vais discuter avec la réceptionniste, on sait jamais. Après 5 minutes de conversation, elle me demande si je suis de Santiago. Je sens qu’une brèche s’ouvre, j’exagère mon accent de la capitale. J’explique que oui, je donne le nom du quartier etc etc. Comme elle aussi est de la grande ville je lui demande si c’est possible de faire un prix. Elle me répond : "Ha mais oui bien sûr ! J’ai cru que t’étais étranger, s’cuse ! En principe y a que des gringos dans le coin.  Non pour toi la nuit c’est 2'000."

Si si pápi !



- Vous l’aurez surement remarqué, au lieu d’un casque de vélo, j’ai un tricorne de pirate. Certains choisissent d’être cycliste, moi j’ai choisi d’être un pirate. (mais un gentil pirate hein, j'ai encore violé ni pillé personne.) De toute façon je fais ce que je veux, c’est mon voyage. Et un voyage, c’est quelque chose de bien trop important pour se prendre au sérieux.
Un jour, sur la route, un gars halluciné par mon chapeau m’a dit : « Mec, si tu perds ce chapeau, c’est l’essence même de ton voyage qui fou le camps. » 


En plus de ça, lui il avait vraiment une gueule de pirate.





- A Vicuña, pendant la visite astronomique, on est tombé sur un bon groupe de beaufs. La France étant l’unique pays au monde à savoir en faire d’aussi bons (le français est pour moi en tête du top 3 des voyageurs exécrables, on y reviendra un autre jour). Une fille du groupe demande quelle est la différence entre une planète et une étoile. Jusque là ok, ça peut arriver à tout le monde de ne pas avoir suivi son cours de géo à l’école. Mais lorsque la demoiselle, après l’explication clair et concise de l’astronome, en déduit que « donc la lune c’est une étoile » j’ai deviné que la soirée allait être longue, très longue.

- Les belges ont sacrément galéré pour passer la frontière à 4779m. Mais l'important c'est qu'au bout de plusieurs jours de douleur, ils aient pu faire cette photo :




- A Combarbala, petit village dans les montagnes, nous avons dormi dans le centre culturel. Le directeur m’a proposé un emploi comme prof de théâtre. Il était très sérieux et me parlait de salaire et de logement gratuit. J’avoue, j’ai un peu hésité. Faut pas que ça se reproduise trop souvent ce genre d’offre. Ça peut repousser mon retour de 10 à 20 ans…

- Un jour, sur la route principale, 6 ou 7 motos type "harley" m'ont dépassé. Elles avaient toutes des plaques... neuchâteloises. Quelle émotion. En temps normal, les motards en voyage me klaxonne toujours un petit coup ou me salut au moins de la main. Mais pas un seul d'entre eux  levé le petit doigt. Con d'neuchâtelois ! 

- Jérôme à une technique toute particulière pour négocier le prix des nuits. Ça consiste généralement à imposer un prix, souvent dérisoire, sans vraiment chercher à l’augmenter par la suite. Alors ça fonctionne pas souvent, mais quand ça fonctionne, ça fonctionne fort.

- Près de Santiago, deux jours après mon départ, j'ai assisté à un accident plutôt impressionnant.  Une voiture est sortie de la route juste après m'avoir dépassée. Je dirai à environ 100 mètres plus loin. La conductrice s'est endormie au volant et s'est mangée la bute au bord du chemin. Cela a eu pour effet de projeter son véhicule à plus de 5 mètres de hauteur avec atterrissage sur le toit. Comme dans les films. Avec l'aide d'un autre type qui était aussi présent lors de l'accident, on a sorti la conductrice de la carcasse qui nous suppliait de la sortir de là. Elle était consciente et indemne. Dans sa voiture il y avait encore son copain, sa mère et un sacré paquet de sang. Plein de gens ont commencé à arriver sur les lieux. La conductrice hurlait et pleurait parce qu'elle s'avait pas quel jour on était. Elle arrêtait pas de le demander à tout le monde. La foule autour de l'épave se faisait de plus en plus dense et ça criait dans tous les sens. Quand les pompiers sont arrivés j'ai mis les voiles, ma présence sur les lieux n'étant de loin pas indispensable. J'y ai repensé toute la journée. Si j'avais eu 100 mètres d'avance, j'aurai fini comme un moustique sur son par brise. Si j'en avais eu 200, la voiture tombant du ciel m'aurait écrabouillée comme une crêpe et mon casque ne m'aurait servi à rien. (Je me suis d’ailleurs fait la réflexion que je n'avais pas de casque, alors c'était pas grave.) Non, ce qui m'a vraiment turlupiné, c'est : en quoi est-ce important de savoir le jour qu'on est, alors qu'on vient certainement de tuer sa mère et l'amour de sa vie dans un accident de voiture ?

(ps : Les journaux du lendemain ont confirmé que tout le monde en est sorti vivant.)
(ps 2 : Du coup, la conductrice en lisant le journal daté au 6 mars, aura sans doute pu en déduire que le jour précédent c'était le 5.
Pas besoin d'en faire tout un foin non plus)


- Leo de Coquimbo c'est tellement un ouf de vélo qu'il s'est tatoué sa propre monture équipée dans le dos. Dingue !

Si il achète une moto il aura l'air con.

- Un jour, sur une petite route dans les montagnes semi-désertiques, on voit s’approcher une voiture un peu spécial, avec un truc tout bizarre sur le toit. La voiture arrive à notre hauteur et c’est la stupéfaction ! C’est elle ! La fameuse ! La légendaire ! La voiture de google street view !
Promis, dès que la photo est en ligne, je vous balance le lien.


- Vous le saviez vous, que notre système solaire était composé de plus 600'000 planètes et pas seulement de 8 comme on nous a toujours appris à l'école ?! L'astronome il a dit que c'était quand même plus facile pour les enfants d'apprendre seulement les 8 premières et laisser les 599'992 autres pour les professionnels. Toutes ces années que j'ai vécu dans le mensonge... rhaaaa !




Et maintenant ?



Je vous écris depuis Antofagasta, principale ville minière du pays avec ses 500'000 habitants. J’y suis depuis plus d'une semaine avec mon oncle et sa famille. C’était le dernier oncle qu’il me manquait. Comme à Santiago, nos retrouvaille se sont suivies de longues discussions sur le passé familial. 

Le tonton, la tata et la cousine pendant les fêtes de la patrie en septembre dernier.

Eric à l’âge de mon père, c’est celui qui a donc partagé le plus de souvenir avec lui. Moi ça me faisait tout bizarre d'entendre rire quelqu’un exactement comme mon papa et lui ça lui faisait tout bizarre de se retrouver avec quelqun réagissant exactement comme son frère, parti depuis longtemps. On en a évidement profité pour faire un skype avec mon paternel.  
Rassembler des membres de la famille après plus de 30 ans, c’est devenu la routine...



Première phrase de mon père :
- Wouaa t'es devenu vieux.

La réponse de son frère :
- Tu t'es regardé?

Le peu de temps que j'ai passé dans cette maison avec eux m'a suffit à me faire sentir chez moi depuis toujours. D’ailleurs il est un peu drôle mon oncle parce qu'il est Evangeliste. C'est une branche du protestantisme très courant sur le continent américain. Vous savez ces gens qui hurlent l'amour qu'ils ont pour Jésus (qui est en fait Dieu),qui pleurent, qui tremblent, qui entre en transe, qui chantent avec ferveur des chansons pop-christianiste, qui parlent dans un langage incompréhensible et qui pensent dur comme fer que la terre a été crée en 7 jours et que la première femme est sortie d'une côte? Ben voilà, c'est mon oncle. Je suis allé avec lui participer au culte un jour. C'était vraiment impressionnant. Ça gueulait très fort et les gens tombaient au sol en pleurant après l'imposition des mains des messieurs en costard cravate. Parait que ça fait cet effet là de se prendre l'Esprit-Saint sur le coin de la figure. Le pasteur exprimait tellement fort sa ferveur que même les bébés se sont mis à pleurer. A défaut d'être sorti de là avec la foi, j'en suis sorti avec un sacré mal de crâne...

Je l'aime quand même bien mon oncle, même si il braille la parole du Seigneur dans la rue avec un mégaphone le dimanche, la Bible à la main.



Bientôt je reprendrai la route. Je sais pas vous, mais moi je suis tout excité ! Au menu : San Pedro d'Atacama, le terrifiant sud Lipez et surtout, l'entrée dans un nouveau pays.


Bolivia


On termine ce billet avec la vidéo incontournable qui résume ce voyage Santiago - Antofagasta. Juste au passage, vous l'aurez remarqué peut être avec le dernier épisode, le format des vidéos à changé. Un peu plus de blabla et surtout plus longue. L'idée est de satisfaire aussi les nouveaux lecteurs qui ne lisent pas le français. Parce que c'est difficile de lire le français, quand on parle pas français...


Pour les vieux de la vieille, n'oubliez pas de regarder la vidéo en plein écran (double clique sur la vidéo) et mettre tout ça en HD (petite roue, 720p)

Chau chau