dimanche 16 mars 2014

Paradis et Chaos




La dernière fois je terminais le billet en vous disant que j’attendais une personne un peu spéciale pour visiter un pays un peu fou. Cette personne c’était Ana Carina, le pays c’était le Venezuela. Et croyez moi, les deux étaient largement à la hauteur de leur réputation. Récit de deux mois hors norme :

Je ne vous ai jamais vraiment raconté mes histoires avec les demoiselles du continent. Premièrement parce que ça vous regarde pas, et deuxièmement parce que ce n’est pas le but de ce blog. Je vous rappelle que mes grands-parents lisent mes billets (au passage salut Emelda, salut Edouard !). Pour ceux qui douteraient encore de l’image romantique et sulfureuse que dégage un aventurier solitaire sur deux roues et aux cheveux longs, ne doutez plus. Amis célibataires ! L’Amérique latine vous tend les bras !

Comme dans toutes bonnes histoires d’aventurier  il y a toujours une fille exotique quelque part, et que je me dois de rassasier votre perfide curiosité, je ne vous en raconterai qu’une ! La plus jolie et la plus aventuresque de mes histoires :

La belle et le bête.
Ana, je l’ai rencontré en septembre 2012, lors de ma visite surprise à Buenos Aires (j’habitais à Santiago à ce moment). Elle vivait dans la même résidence qu’Akira et Sébastien, les deux genevois qui débutaient tout juste leur tour du monde à vélo. Cette fille, c’est un peu l’image rêvée de la Latina sud-américaine : elle est vénézuélienne, modèle, poète, peintre, parle fort, possède la panoplie complète de maquillage et de robes à fleurs, elle a des bananiers dans son jardin, elle a passé plus de la moitié de sa vie à bronzer sur les plages des caraïbes et n’a jamais vu la neige de sa vie. L’exact opposé de mon monde à moi en somme. De quoi attirer la curiosité du petit valaisan que je suis. Quelques semaines et échanges de mails plus tard, elle vient me rendre visite à Santiago pour découvrir le Chili, avec un guide chilien (oui, quand il faut, je peux aussi faire guide chilien). La visite se passe merveilleusement bien. Il y aura même un moment de flou lorsqu’elle hésite à partager un bout de voyage avec moi, sur son vélo. Mais comme elle a une gentille maman qui joue son rôle de maman, elle est repartie étudier à Buenos Aires. On est resté en contact un temps, et puis je suis reparti à l’aventure pendant que, elle, vivait sa vie dans la capital argentine. Décembre 2013, reprise de contact, un peu par hasard. Elle est de retour au Venezuela pour les vacances et m’invite à connaitre son pays et sa famille. Le Venezuela c’était pas vraiment au programme, mais avec une proposition comme ça, difficile de dire non.


Un bout de paradis !

Ana décide de venir me chercher en Colombie, histoire de visiter le nord du pays ensemble. La bonne nouvelle c’est que Virgile, mon éternel compagnon à vélo est aussi dans le coin ! Ni une ni deux, on se retrouve tous dans le parc national de Tayrona. Au programme plage, plage, plage et plage.












Souvenir d'un bel après-midi avec les copains.

Virgile m'a laissé un mot sur Facebook. Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de le lire, voilà ce que ça donnait :



Retrouvailles avec mon petit cricri, le pirate d'eau douce, le compagnon fidèle souligné d'un hippisme modéré. Une belle histoire de cyclistes, un brokebike mountain mais pour du faux. Que Poséidon te guide vers la terre qui t as vu naître, tel Ulysse, le retour sera éprouvant mais ton histoire sera a jamais gravée dans la mémoire collective. Bon vent compagnon !

Cette fois Virgile est vraiment parti. Il est actuellement en Amérique central et cherche une embarcation pour traverser l'océan pacifique. De nouvelles aventures l'attend du côté de l'Asie. Bon vent mon ami ! 


Cartagena de las indias

On profitera des quelques jours restant pour visiter Cartagena. Pour moi, c’est un peu la fête du slip. Cette ville est chargée d’histoire de conquêtes, de pirates et d’aventures d’un autre temps. J’ai passé plus de 4 heures dans le musée naval tellement c’était bon. Cartagena, la ville de Colombie qui m’aura le plus marqué.









Du côté des plages prooche la ville ça donne ça:


La joie
Le bonheur
Le paradis



En route pour le pire

Le plan initial était de visiter une bonne partie de l’ouest du Venezuela avant de rentrer à Caracas. Mais la maman d’Ana, étant plutôt inquiète de la situation récente du pays, nous invite à rentrer directement à la maison, ce qu’on fera sans discuter. Dès le passage de frontière mes doutes prennent forment. Ce pays, c’est le chaos.

A l’entrée du bureau d’immigration, il y a deux fillettes de 7 et 10 ans qui remplissent le formulaire d’entrée. Ce formulaire, en général, chacun le rempli soi-même et ensuite le présente aux douaniers avec le passeport pour entrer. Mais pas là. Il se trouve que ces fillettes ont acheté les formulaires aux douaniers pour les remplir elles-mêmes et ensuite le faire facturer aux gens qui veulent passer la frontière… ok.
Le douanier était un gamin avec un t-shirt de football qui est parti plus d’une demi-heure faire une photocopie de mon passeport rouge. Cinq fois je lui ai répété que j’étais suisse et pas suédois et que non, je ne faisais partie d’aucune organisation de contrôle de journalisme ou de police.

Juste avant de remonter dans le bus, manque de chance, les militaires nous tombent dessus. Ils décident de faire un contrôle de TOUT les bagages du bus. On a le choix, ou on leur paie une petite commission et ils ne contrôle rien, ou ils nous emmerdent pendant plus de deux heures à faire semblant de nous contrôler. Une personne s’insurge contre cette corruption malsaine et bim ! Nous voilà 2 heures au bord de la route avec ces deux militaires qui contrôlent un à un les bagages de 50 voyageurs. Vu leur tête, ils auraient franchement préféré empocher l’argent. Une fois dans le bus, le chauffeur nous prévient : Il y a 6 contrôles de plus d’ici Caracas. « Vous pouvez choisir de donner tous quelque chose maintenant (200 bolo, environs 40.- chacun) pour payer les militaires (et le chauffeur au passage) ou choisir de perdre plus de 6 heures en contrôle. » Tout le monde met la main au portefeuille, résigné. Bienvenue dans le pays de la corruption banalisée !

Caracas

Caracas est depuis longtemps dans le top 5 des villes les plus dangereuses du monde. Et franchement elle mérite largement sa réputation. C’est la première fois de ma vie que je ressens l’absence totale d’ordre et de sécurité. Le chaos, le vrai. Les bandits, rackettent, volent et séquestrent pendant que la police rackette, vole et séquestre. Il n’y a aucune règle de circulation, c’est le premier, ou le plus gros, ou le plus armé qui a la priorité. Ana a eu son permis de circulation en payant un pot-de-vin, aucune heure d’auto-école nécessaire. Il y des zones de la ville de non-droit, où rien que l’idée d’y entrer est dangereuse. Comme les quartiers pauvres sont toujours voisins des quartiers riches, il n’y a pas de zones plus sûr que d’autres.

Mais si non à part ça, la ville est très jolie :



Grillade en famille
J'ai passé le quart du temps à cuisiner pour la famille.
Et entre nous, j'ai cartonné !

Les 3 générations

La police a essayé de me voler plusieurs fois. Leur méthode est simple : Ils te tombent dessus à trois ou plus et te font une fouille complète et une inspection méticuleuse de tes papiers. Si quelque chose n’est pas en règle ils t’expliquent  qu’ils vont t’amener au poste où tu vas devoir payer une facture salée. Ou alors tu peux trouver un arrangement financier directement avec eux sur place. Il y en a un qui a voulu me faire croire que ma carte d’identité suisse n’avait aucune valeur au Venezuela. Quand je lui montré mon passeport il m’a dit que ça non plus, ça n’avait pas de valeur parce que c’était pas un passeport vénézuélien…

Ouais, j’en ai rencontré pas mal des connards comme ça…

Autant fou que cela puisse paraitre, ce n’est pas l’insécurité de la ville qui a rythmé nos journées, mais la naissance d’une guerre civile. Vous l’avez certainement entendu depuis chez vous, du coup à quoi ça ressemblait de l’intérieur ?

... à ça.

Le 14 février la demoiselle a voulu m’inviter dans un restaurant traditionnel au centre ville. Pas de chance, c’était au milieu des affrontements. On a passé la soirée à courir dans tous les sens au milieu des manifestants en paniques. À chaque coups de feu et détonations il fallait se cacher dans un bâtiment. On a terminé dans un restaurant chinois. La Saint-Valentin la plus chaude de ma vie !


Là on voit pas bien, mais au fond, toute la rue est en feu.


Les paragraphes qui vont suivre sont très axés historique et politique. Comme il n’y a pas de liberté de presse et que j’ai promis à de nombreuses personnes d’expliquer à l’étranger ce qui est réellement en train de se passer, je prendrai le temps de vous expliquer un peu plus en détail la situation.

Petite mise-à jour historique:

Chavez, homme militaire et socialiste révolutionnaire, a régné d’une main de fer pendant près de 15 ans. Son action politique a toujours été en faveur des plus faibles et des plus pauvres. Anticapitaliste et anti-impérialisme américain, il a marqué toute une génération de gens par ses discours et sa grandeur/folie. Par exemple, il a bâti beaucoup de logements pour les gens, rendu la santé gratuite et créé des supermarchés subventionnés par l’état pour permettre aux plus pauvres de se procurer de la nourriture à très bas prix. Un idéal de socialisme pour les mecs qui aiment les foulards rouges et les roses à la main. Donc il est où le problème ?

Revers de la médaille sous forme d’histoires brèves :

- Chavez avait pour habitude d’exproprier dans le secteur privé pour le rendre publique. Par exemple tu pouvais avoir ta ferme, produire des oeufs à l’aide de tes employés et un jour hop ! Chavez décide que t’es un sale patron capitaliste qui profite de sa position au détriment du peuple et exproprie ta ferme pour la donner directement à tes employés. Comme tes employés ils sont cons comme des billes et que du coup ils préfèrent vendre la ferme et partir avec l’argent, tu te retrouve du jour au lendemain sans ferme, sans employé et sans argent. Un jour un paysan à qui on lui avait quitté son entreprise a fait la grève de la faim pour protester. Il est mort au bout de quelques semaines.

- Il y a environ quatre ans, Chavez a décidé que si t’étais locataire, la loi te protégera d’une expulsion. (Pour éviter que les plus pauvres se retrouvent à la rue.) Du coup les gens ont profité du système en arrêtant de payer leur location, purement et simplement. Les propriétaires n’ont actuellement aucun moyen de les obliger à payer ni de les expulser. Les locataires deviennent donc en quelque sorte propriétaire du lieu sans rien à avoir payer. C’est du vol autorisé par l’état. T’imagine la gueule de Gianadda si ça arrivait chez nous ?

- Parfois, le gouvernement, après avoir exproprié une industrie, se charge de la récupérer derrière au nom de l’état. Chose plutôt normal. Sauf que c’est visiblement tous des manches à l’état et que jamais personne n’est capable de faire du bon travail. Du coup la production en souffre (si elle ne fait pas faillite) et ne satisfait absolument plus les besoins du pays. Aujourd’hui, les produits qui manquent cruellement en magasin sont : papier toilette, savon, produit à lessive, dentifrice, lait, œufs, poulet, farine, pain, sucre, huile… La liste est très longue et je ne mentionnerai pas l’inflation débile sur certain produits (bouteille de crème chantilly 200ml à 70.-)

Vous me direz : « Mais pourquoi ils ne font pas venir depuis l’extérieur ? » Parce que, entre autre, leur politique anticapitaliste restreint trop l’importation.



- Il y a un projet de loi qui cherche à combattre les lits froids. Si cette loi est mise en place, que t’as un appartement 5 pièces et qu’il y a seulement deux personnes pour l’habiter, le gouvernement se réserve le droit d’y mettre trois SDF pour y résider. Sans te demander ton avis. Et ouep !

- Dans les autres projets de loi, il en existe une décrétant  les enfants mineurs en âge « propriété du gouvernement ». En gros les parents de ton enfants c’est pas toi, c’est le gouvernement. Si tu veux sortir du pays avec ton gamin en vacances (ou pour le fuir), tu dois demander la permission au dictateur président. Si ils décident d’amener ton enfant dans une école « spécialisée » de l’autre côté du pays, t’as plus que tes yeux pour pleurer.

- Il y a quand même des choses bien au Venezuela. La santé par exemple, est gratuite. Mais comme le gouvernement ne participe pas assez dans le secteur des hôpitaux et qu’il n’y a pas d’entrée d’argent des patients, que les instruments sont vieux, insalubres et irréparables (ben oui parce que le pays ne produit pas les pièces de rechange et la politique d’importation est trop stricte pour faire venir quelque chose de l’étranger) la santé est d’un niveau déplorable.

- Il est interdit d’avoir des dollars dans le pays. Si tu veux partir en vacance, il faut faire une demande spéciale pour avoir le droit d’acheter des dollars. L’état juge ensuite selon le pays de destination et la durée du voyage combien de dollars il va te permettre d’acheter. Tu peux aussi en acheter au marché noir. Bonne chance. 1 dollars vaut 80 bolos. (Au taux officiel 1 dollar vaut 11 bolos, soit 8 fois moins). Par exemple quand je suis entré dans le pays avec mon billet de 100 dollars, il valait en réalité 800 dollars. Pour moi c’est cool, pour un résident, c’est l’enfer.

- Un jour Chavez à dit : Les propriétaires de cette chaîne de magasins vous volent avec leurs prix trop élevés ! Volez leur à votre tour ! Résultat : Mise à sac de la chaîne, expulsion des propriétaires, faillite de l’entreprise.

Le visage de Chavez est omniprésent dans la rue. Sa machine de propagande est impressionnante.

C’était un petit exemple des aberrations que l’on peut trouver dans ce pays, je vous jure que la liste est bien plus longue. Et je n’ai même pas mentionné les affaires de corruption !


Mérida

J’ai quitté Caracas quelques jours avant le départ d’Ana pour l’Argentine. J’ai d’ailleurs quitté la capital en avion, car il n’y avait plus de bus qui entraient ou sortaient de l’agglomération. Mérida est une ville à la réputation plutôt festive, universitaire et  touristique. Elle est située au sud du pays, au cœur des Andes. Elle est le point de départ de nombreux treks, notamment celui du plus haut sommet du pays (Pico Bolivar 4978m). C’était l’occasion pour moi de voir autre chose que le chaos de la capital et de retrouver un peu de tranquillité. Et puis à Mérida il y a Adelis, un très bon copain que j’ai rencontré à Ushuaïa, il y a maintenant presque deux ans.

Adélis en 2012 à Ushuaïa

Adélis en 2014 à Mérida

Sauf que les manifestations se sont intensifiées et je me suis retrouvé malgré moi, au cœur du conflit…

Ce qu’il faut bien comprendre c’est qu’il y a 3 groupes. D’un côté le gouvernement, avec sa police, sa garde nationale et ses « Tupamaros ». Les Tupamaros sont un groupe d’extrémistes pro-gouvernemental armé et très dangereux. Une sorte de bande d’hooligan chavistes qui sèment la mort et le chaos tout en ayant la bénédiction de l’état.

D’un autre côté il y a l’opposition. Pas besoin de vous faire un dessin. C’est les gens qui sont contre ce régime, ils sont généralement pacifistes, manifestent beaucoup et veulent renverser le pouvoir pour sauver le pays.

Et puis il y a un dernier groupe, celui qui fait justement la différence en ce moment. Ils se font appeler « les résistants ». Ce sont principalement des étudiants et les familles de classe moyenne. Ils sont contre le chavisme, qui est en train de briser leur pays, mais ne sont pas pour autant du côté de l’opposition, qui est en réalité un groupe politique pas forcement meilleur que le pouvoir actuel. Ils ont en juste ras-le-bol. Ras-le-bol de la violence, de l’insécurité, ras-le-bol des Tupamaros, ras-le-bol de ne pas pouvoir sortir du pays comme tout le monde, ras-le-bol de devoir faire une queue de 4h pour acheter un kilo de farine, pour retirer de l’argent ou pour acheter du papier toilette. Ras-le-bol d’une situation qui dure depuis trop longtemps. Du coup ils s’organisent, ils descendent dans la rue et ils y restent. Ils élèvent des barricades pour empêcher les Tupamaros d’entrer dans leur quartier et paralysent le pays. Certain manifestent pacifiquement avec l’opposition, d’autres jettent des pierres, des bouteilles et des cocktails Molotov contre la police et la garde nationale. Ces derniers, en guises de représailles, incendient les maisons et détruisent les voitures.

Un chaviste dit : Arrêtez avec vos manifestations, retournez travailler !
Un manifestant lui répond : Travailler ? Pour acheter quoi ?


J’ai été témoin de tout ça. J’ai été témoin de la manipulation des médias, de la censure et des mensonges de l’état. J’ai été témoin des barricades, des Tupamaros armés, des mères de famille jetant des bouteilles sur les blindés et tapant sur des casseroles dans un boucan incessant. J’ai été témoin de la police reculant devant la colère des gens, de la garde nationale tirant des balles en caoutchouc sur des étudiants. J’ai vu des rues en feu, j’ai évité les fils de fer sur la route et les pièges à clous sur les trottoirs. C’était un spectacle plutôt étonnant. Et j’avais juste à sortir la tête par la fenêtre.

Ces images ont toutes été prises dans ma rue, et c'était pas le pire des endroits :


"Nous ne voulons plus de promesses, nous voulons des solutions"
Tupamaros en action.
Ce crétin pointe son pistolet face à des étudiants dans un immeuble.
Heureusement pour nous, il n'en fera pas usage à ce moment.

Au premier plan, les restes de la barricade brûlée la veille.
Au fond, la nouvelle barricade mise en place.


La police qui tente une percée dans le quartier.
Mais qui ne restera pas longtemps face à la pluie de bouteilles provenant de toutes les fenêtres.

Les blindés passent fréquemment pour disperser les gens et faire tomber les barricades
(qui seront élevées à nouveau dans la minute)

Les voisins qui préparent des cocktails Molotov (explosifs artisanaux en bouteille)


Un jour, j’ai réussi à m’échapper de Mérida pour passer quelques instants à la montagne. Calme, paix et tranquillité. Loin du cauchemar…

Village "Los Nevados"




Au bout de deux semaines je suis rentré à Caracas. Cette situation m’a coupé l’envie de continuer à voyager dans le pays. Je ne me sens pas de faire le touriste quand les gens sont dans la rue parce qu’il n’y a pas de pain dans les boulangeries. Je suis donc parti pour l’île de Margarita afin de trouver un bateau pour quitter le pays par la mer. C’est depuis cette île que je vous écris ces mots.

Mon mot de la fin :

J’ai perçu énormément de tristesse dans le regard et le discours des gens. Les jeunes de ma génération ne se demandent pas si ils vont « oui ou non » quitter le pays mais plutôt « où » vont-ils aller. La seule solution aux répercutions concrètes et immédiate est la fuite. L’état est en train de plonger le pays dans un chaos profond. Le président est un imbécile qui continue de mettre la faute sur « l’impérialisme américain » et traite les manifestants de « nazis fascistes ». Du côté de l’opposition il n’y a aucun leader potable (le dernier a été emprisonné il y a un mois), aucune solution miracle ne pointe le bout de son nez. Et c’est ça le plus triste. Personne ne sait ce qu’il va se passer. De toutes les discussions sur la situation que j’ai eu avec les vénézuéliens, toutes générations confondues, (et croyez moi, c’était le sujet principal au quotidien), la même conclusion revenait à chaque fois : il faut que le pays se brise, touche le fond et se consume pour en tirer quelque chose de nouveau et  de meilleur. Mais qu’est-ce qu’il viendra après ? Une autre forme de socialisme ? La démocratie ? Une dictature ?

Et combien de temps ça prendra ?

Il est important que vous sachiez que la situation au Venezuela est désastreuse, bien plus que ce que vous font croire les médias. Le gouvernement tente d’étouffe la réalité. Les pro-chavistes sont de moins en moins nombreux car non seulement Chavez est mort, mais aussi parce que son successeur n’a pas les épaules du grand leader. Le Venezuela traverse un moment clé de sa transformation. Soyez attentifs aux prochains événements, l’Histoire se déroule en ce moment devant nos yeux.

Maduro, actuel président du Venezuela 

Leopoldo, dernier leader de l'opposition emprisonné il y a un mois.
Il a été accusé responsable de la mort des étudiants lors des manifestations.




Voilà j’arrête avec mes bêtises politiques. Je vous laisse avec l’épisode 9. Cet épisode est plus un souvenir personnel qu’un véritable épisode qui pourrait vous intéresser. Ces trois derniers mois je n’ai filmé aucun paysage, seulement les gens avec qui j’ai vécu. Ça ne signifiera pas grand-chose pour vous mais je vous mets quand même le lien, pour ne pas vous frustrer.



La prochaine fois promis, je vous parlerai des Caraïbes et des voiliers !

Bisous bisous


"Maduro" c'est aussi le nom d'un type de banane.
Du coup une banane avec la moustache du président, c'est un peu marrant.