mardi 16 juillet 2013

Bolivia


Pendant ma « chilénisation » j’ai appris à me méfier du Bolivien. C’est con, mais ça fait partie de l’éducation légèrement raciste qu’ont les chiliens vis-à-vis de leur (pauvre) voisin. Je suis donc entré dans ce pays avec beaucoup d’aprioris bêtes et méchants, bien décidé de donner raison aux habitants de mon pays spaghettis. Alors finalement, tous des vendus ces boliviens ?



On quitte Uyuni les jambes un peu molles mais avec l’envie de voir autre chose. Moi qui pensais que le salar d’Uyuni allait être la récompense de notre folle aventure de 12 jours dans des conditions difficiles, je me suis fourvoyé ! Les 3 jours de vélo nous séparant de Potosi étaient véritablement bluffant.

(Toutes les photos qui suivront dans ce billet proviennent de Jérôme, Cindy, Virgile et un peu de moi. Merci à eux)





Des courbes, des couleurs, des odeurs, tout est différent ici. Tout le long du chemin je reste la bouche grande ouverte par autant de changements.






Le contact avec les habitants du coin reste un peu spécial. Les enfants rigolent en nous voyant passer, les adultes ne répondent pas forcément à nos sourires et les personnes âgées ne parlent pas toujours espagnol. Il faut quand même savoir qu’en Bolivie il y a 37 langues officielles et tout autant de cultures différentes. Les 3 principales étant l'espagnol, le Quechua et l'Aymara. En ce moment, on se trouve dans la région du Quechua et dans les villages, on comprend pas un broc de ce que racontent les anciens.

La grande nouveauté c’est le relief. En gros c’est jamais plat. Ça monte, ça descend, ça monte, ça descend. Même si les ascensions ne sont pas faciles, les descentes c’est du pur régal. J’ai jamais autant pris mon pieds en faisant du vélo !


Foetus de lama séché.


Repos des guerriers.
(pause chocolat chaud)



On arrive enfin à Potosi, première grande ville depuis un bail. Potosi, principale ville minière d’argent à son époque (ville la plus peuplée au monde au 17e siècle insiste Virgile), culmine à pas moins de 4070m. Alors déjà pour y arriver c’est pas de la tarte mais alors pour s’y déplacer à l’intérieur en gardant une respiration correct, c’est impossible.



Potosi


On y découvre les joies des plats pas cher (1.50 chf le menu en moyenne), les trottoirs trop petits pour le nombre d’habitants, la circulation chaotique des mini-bus et autres véhicules sorti d’un autre temps, mais surtout, la digestion. Alors entre nous, ça fait longtemps que je n’ai pas fais "la grande commission" d’une consistance et d’une couleur acceptable. Alors oui, je ne reuchine sur rien et je mange la plus part du temps dans la rue donc forcément, j’en paie le prix. Vu la tronche que tirent mes compagnons de voyage, je ne suis visiblement pas le seul dans cette douloureuse position.

Potosi on y restera une semaine à glander et profiter de la vie. Jérôme et Virgile iront visiter les mines, principale attraction de la cité. Je n’y suis pas allé parce que j’ai pas gagné le débat contre ma conscience. Moi je lui disais « Ça va être coule ! Comme les mines de Bex mais avec des vrais gens dedans !», elle, elle m’a dit « Alimenter un tourisme sur le travail misérable des gens (35 l’espérance de vie dans les mines) ce n'est pas une chose éthiquement concevable. »
Sur ce coup là, ma conscience a pris le dessus.

La dream team sur le départ.

Maison coloniale abandonnée


Sweet Lama

Virgile il aime la sauce Texas

Jérôme il a trouvé une tête de vache morte...

... alors il l'a prise sur son vélo.





Sucre !

Capitale de la Bolivie ! Ouais je sais, moi aussi je pensais que c’était La Paz. Ben en fait non c’est bien Sucre la capitale constitutionnelle du pays, et ça l’a toujours été. On passera plus d’une bonne semaine dans un hostel sympathique pour « d’jeuns ». En gros un endroit pas très propre avec plein de gens de mon âge, et ça, ça fait plaisir.

(Jérôme il s'est levé à 6h du mat pour prendre des photos de la ville, juste pour la peine ça vaut le coup de toutes les publier)








L’hostel était principalement occupé par des artisans et artistes de rue, ce qui me permet de vous parler un peu plus de cette nouvelle population en voyage. En général, ils sont chiliens, argentins ou colombiens. Ils ont décidé pour la plupart de sortir du système en travaillant dans la rue et en étant constamment en mouvement. Ils vivent de l’artisanat (macramé, orfèvrerie, tissage) ou d’un art de rue (jonglage, musique, clown). Leur clientèle est essentiellement local. Ils se déplacent avec les saisons, selon leur budget ou simplement leurs envies. Ils ont tous un milliard d’histoires a raconter et profite de la vie d’une manière plutôt inattendu… Si ça, ça ne donne pas des idées…

Sortie baignade avec les copains...

... copines.




Sucre signe pour Virgile et moi la fin des aventures avec les belges, Jérôme et Cindy. Ils ont décidé de partir vers le nord (Santa Cruz) alors que nous on préfère filer vers l’ouest (La Paz). On aura quand même bien rigolé avec ces deux là. Leur organisation et leur sens culinaire va certainement nous manquer ! A plus la Belgique !

Cindy et Jérôme
Si vous voulez continuer de suivre leurs folles aventures, c'est par =>  

Ha ! Et au cas ou, de temps en temps Virgile met son blog à jour. Même que dessus il parle de moi :

" Cristobal c’est avant tout l’histoire d’un mec rigolo, un pirate échoué en Suisse, il n’a jamais pu quitter son pays par la mer alors il a renoncé à ses premiers projets pour s’en aller conquérir le monde à bicyclette. C’est un homme volubile, bilingue espagnol malheureusement sympathisant du mouvement révolutionnaire hippy. "

Le ton est donné.


J’avais prévu à la base de rester sur l’altiplano pour rejoindre La Paz, pas de redescendre les Andes.  Mais Virgile il m’a dit : « On va à Cochabamba ? Ils ont des bonnes mandarines » Je lui ai répondu « Ok ». Du coup on est reparti direction le nord.

Départ de Sucre

Bivouac

"Interdit de pécher avec de la dynamite"

Dodo dans une école

Quand on voit passer des motos ou des petites camionnettes, on bave un peu en ce moment. L’envie est plus tellement au vélo et puis ces camions de bétails qui nous dépassent ont quand même l’air vachement sympa. Après une journée éreintante sur des routes de terres poussiéreuses dans une chaleur exécrable, on utilise notre joker ! Aujourd’hui, on monte dans un camion, juste pour voir.


Installation du hamac pour Virgile,

dodo comme un clodo pour moi.




On restera une petite semaine à Cochabamba pour profiter de son marché gigantesque, ses fruits savoureux et sa météo plutôt clémente. A noter au passage que sur les hauts de Cochabamba il y a une statue du Christ plus grande que celle de Rio. (pas de photo mais vous la verrez dans la vidéo). On se décidera finalement à prendre le bus pour La Paz. On a tout les deux des échéances en juillet et on préfère ne plus se fatiguer à descendre et remonter les Andes une nouvelle fois. (et aussi on prend le bus parce qu’on est de grosses feignasses).

La Paz ! Incroyable fourmilière au fond d’un cratère. La vision de cette ville est vraiment impressionnante. Des maisons partout et à perte de vue. Même si on y arrivera en bus, rien que le déplacement du terminal à notre nouvelle maison aura été un sacré coup de force.


La Paz

La Paz on y restera deux semaines. Alors oui, cette ville, elle est sympa. Mais ça l’était surtout pour une chose : La Casa de Ciclista. En Amérique Latine il existe quelque unes de ces « maison pour cyclistes ». En général ça part de l’envie d’une personne, fanatique de vélo, qui décide d’héberger tout les cyclistes de passage. Dans le cas de La Paz, c’est Christian, boliviano-allemand, qui a acheté une petite maison pour héberger tous les voyageurs à roulettes. Du coup l’ambiance y est vraiment, vraiment chouette. Et il y a du mouvement tout les jours! J’y ai vu des francais, allemands, bulgares, brésiliens, australiens, anglais, argentins, roumains, hollandais et même estoniens. Et tous à vélo.

La petite famille.

La petite maison.

Le petit mur des souvenirs.

Ma petite trace rien qu'à moi.

Cette ville aura aussi été l’occasion de renouer avec les jeux vidéo. A 20 cts l’heure dans les cybercafés et avec 3 gros joueurs dans la maison, on s’est explosé les yeux des heures durant devant Warcraft 3. Haaaa douce addiction !


La game team.
On fera aussi une petite virée sur la « Route de la mort ». Cette route d'environ 70km est réputée pour être une des plus dangereuses du monde. Le nombre incalculable de croix au bord de la route nous le rappelle bien. Avant le nouveau tracé, c'était 200 à 300 personnes qui y mourraient chaque année... Bon à vélo, c’était quand même moins stressant....


Départ sous la neige.

Arrivée dans les nuages de la mort.

Et enfin la route de légende.



Coroico, au fond.

Pour vous donner un exemple de comment fonctionne le tourisme dans le coin, le Tour "Route de la mort" est un bon exemple. Si vous vous offrez cette expérience avec une compagnie qui vous fournira vélo, transport et repas, cela vous coûtera environ 90 .- CHF pour une journée. Si au contraire vous choisissez d’y aller avec votre propre vélo, le transport public et manger au dernier village, cela vous coûtera  9.- CHF.

Oui, en Bolivie, le gringo est de base considéré pour un con.


Histoires brèves

- Dans un logement d’un petit village, on nous prévient que les toilettes sont de l’autre côté de la rue, fermées à clé. Le monsieur me dit qu’ils ouvrent les toilettes juste quand il y a des touristes. A ma question « Mais vous, vous allez faire où vos besoins ? » Il me répond « Ben, par là… » en montrant vaguement les rues et les champs du village.

- En Bolivie, le chilien est la représentation du mal. On n’aime pas le Chili et on le fait savoir. Dans les journaux, il y a tout les jours un article concernant la méchanceté du pays voisin qui veut même pas rendre la mer volée il y a de ça plus de 100 ans. Du coup, ici, je voyage en tant que suisse, pour éviter les problèmes. Parfois, les gens reconnaissent mon accent chilien et me le font remarquer. Et ils ne me le font pas remarquer de la manière la plus douce qu’il soit. Croyez moi.

- Kia, une hippie chilienne vivant d’artisanat, voyage avec un chat. Oui, un chat. Elle l’a trouvé chaton dans une poubelle en Colombie il y a plus d’une année, l’a posée sur son épaule et depuis, ils sont inséparable. Un chat bon sang ! C’est trop génial ! Si j’en trouve un dans une poubelle, direct je l’adopte !

- Un vendredi soir avec Virgile, on débarque dans une petite ville et un groupe d’une trentaine de personnes nous braille dessus pour qu'on vienne les voir. Ils boivent tous de la chicha (alcool de mais) après avoir sacrifié un lama pour la Pachamama (fête religieuse de la Terre-Mère, en général le premier vendredi du mois). Ils nous invitent à boire avec eux et discuter un peu. Un des fermiers me dit : « Vous, les voyageurs étrangers, vous êtes des émetteurs radio, c’est vous qui allez dire au monde comment nous, les paysans, on vit ici. Regarde, il n’y a que de la joie ici. Même si c’est pas tout les jours facile, tu ne trouveras que du bonheur sur le visage des gens ».
Je ne sais pas si c’était l’effet de l’alcool, mais en effet, ça respirait vachement la joie de vivre.


- Un jour, Jérôme à trouvé sur le bord de la route une belle tête de vache (avec les cornes et la mâchoire inférieur, chose rare). La tête était principalement squelettique mais vu l’odeur, il devait y rester encore un peu de cervelle.  L’ami belge en est direct tombé amoureux. Et l'a transporté à l'arrière de son vélo les deux jours suivants. Il s'est avéré plus tard qu'il est interdit d'envoyer des os par la poste. Manque de chance...


En route vers le Nord


Départ de La Paz avec en fond la cordillère royale.







Lac Titicaca

Pirate content d'arriver à Copacabana

Après deux petits jours de route en compagnie d’un vieux couple de bernois, on se pose dans le petit port de Copacabana, point de départ des tours pour le Lac Titicaca. On y restera denouveau une petite semaine et les trois quart de notre temps avec Simon et Léa.


Le port

La ville

Isla del Sol

Réunion communale

Plage de "l'île du soleil"

Pour la petite histoire, Simon voyage à vélo à travers le monde depuis un bon bout de temps. Il a rencontré Léa à La Paz, qui voyageait sac au dos. Ils sont tombés amoureux et du coup Léa s’est achetée un vélo et va suivre son chevalier hippie sur les hautes routes péruviennes. C’est pas trop génial comme histoire ? Bon avec Virgile, comme on commence à connaître les couples à vélo, on a parié sur le fait que jamais ils n'atteindront l’Equateur ensemble… Alors? Vous dites quoi les petits gars? :)

Simon et Léa
Petit bout de route ensemble jusqu'à Puno avec un rythme TRES différent. Il y a vraiment autant de façon de voyager qu'il y a de voyageurs...
Arrivé au poste de frontière Bolivien on aura une amende de 20 boles (2 CHF) pour avoir dépassé d'un jour notre visa dans le pays, alors que techniquement, il nous en restait 29 de plus. Oui parce qu'en Bolivie, tout est mis en place pour faire payer les touristes, d'une manière ou d'une autre.

Vous l'aurez compris, mon avis sur ce pays reste très mitigé. Autant les paysages sont étonnant autant les gens le sont aussi, mais pas dans le bon sens du terme. Sur les 2 mois que je suis resté dans le coin je n'ai jamais eu l'occasion d'échanger vraiment avec un bolivien. Chaque fois que j'ai essayé d'entamer un dialogue il y avait une réticence dans le regard et une barrière dans le discours. Ça c'est quand je parle façon suisse, parce que si ils découvrent que je suis aussi chilien la discussion en général s'arrête net. Et simplement sur la route, nos signes de la main pour saluer se soldent souvent par un gros vent et un regard dédaigneux. Dommage.

Et puis bon c'est pas si grave, le pays qui suit est déjà génial.


Mesdames, Messieurs, le Pérou !!!

Youhouhou !!


La classe au féminin


Il vous suffit de passer une frontière pour que la relation avec les gens change du tout au tout. La première journée au Pérou nous donne le ton: des sourires sur tous les visages, des gens qui crient de loin pour nous saluer, des klaxons encourageant et plein d'enfants qui nous courent après.

Premier soir au bivouacs et déjà pleins d'amis.


Puno
On quitte Léa et Simon qui partent pour Cusco. Notre aventure à nous nous porte vers l'ouest, direction Arequipa.













Après 4 journées bien remplies à vélo, après s'être perdu dans les champs, après une petite ascension à 4500m et une nuit mémorable dans une maison abandonnée, on arrive enfin à Arequipa, ville terminus pour cet été. En effet, nous avons tout les deux des amis européens qui viennent passer les vacances d'été, sac au dos, à la fin du mois. On prendra donc le bus pour aller les chercher à Lima et se reposer pendant un temps. Voyager différemment.

Arequipa signe donc la fin de mes aventures avec Virgile, les aventures de "Brockeback Bici". Jamais j'aurai pensé qu'un informaticien de Paris aurait pu autant me faire rire. Je tire mon chapeau à monsieur 23'000 km et lui souhaite bonne chance pour le reste de ces aventures. En roulant avec lui, j'ai gagné un ami. (même si en réalité je dis tout ça juste pour approcher sa soeur).

Tchô nigaud

Pour finir ce billet dans la joie et la bonne humeur, voici l'épisode 6 qui résume toute l'aventure en Bolivie !





Je vous écris depuis Arequipa, ou on séjourne dans la famille d'Enrique. Ce gars là est une perle et il a le père qui va avec. On prendra le bus pour Lima demain (17 juillet). Les deux plus gros nigauds du monde (Michael et Emilien) débarqueront fin du mois et je voyagerai en leur compagnie jusqu'en septembre. Donc pas de billet avant la fin septembre les enfants.



Bon été et bonnes vacances !







Ps : Pour octobre, j'ai prévu du lourd, du très lourd. Mais ça, c'est pour la prochaine fois ;)