mardi 28 janvier 2014

Jusqu'aux Caraïbes !




La pause de Noël et les vacances sont terminées! Comme la dernière fois je vous ai fait un peu peur avec mes histoires de bateau (pour ceux qui auraient loupé la vidéo c’est (=> ICI <=), ce billet sera tout doux. Je vais vous parler du miracle de Noël, de Jésus et de l’amour entre les Hommes. Ha Ha, non c’est faux. Je suis en Colombie, pays de la drogue, du crime et des filles en plastique ! Let’s rock !




J’arrive donc après 6h de bus à la dernière ville équatorienne qui fait frontière avec le dernier pays de mon voyage. La Colombie ! Je l’attend depuis un sacré moment celui-là ! Mes attentes sont grandes et je suis persuadé que je ne serai pas déçu. Ce fut effectivement le cas. La Colombie, c’est GENIAL !
Je m’en suis rendu compte avant même d’entrer dans le pays : A la frontière côté équatorien, un gars de mon âge zyeute de tout près ma bécane. Il me vient à parler de son futur projet de voyage à vélo en Equateur avec grande émotion. Il veut absolument m’héberger à Pasto, la première ville colombienne à deux jours de la frontière. Le rendez vous est pris !




Le seul bémol c’est que je me trouve dans la région la plus abrupte du pays. Le territoire est séparé par trois « bras » de la cordillère. La région de Pasto se trouve à la naissance de ces trois bras qui s’appelle le « nœud » de la cordillère. En gros je suis à vélo dans la région la moins cyclable du pays. Yeaaaaahhh


ça monte, ça descend, ...

ça descend, ça monte, ...


Arrivé à Pasto je retrouve Oscar comme prévu. On discutera toute la soirée des spécialités de la région, de la Colombie et du problème de la drogue. Il m’a fait tout un spitch sur la sale image qu’avait son pays et de l’effet de la guérilla sur le tourisme. Et puis à la fin de son sermon sur la bonne conduite citadine, il m’a demandé si il y avait des chiens à la frontière. Je lui réponds amusé que non, il pouvait passer avec 1 kilo de drogue à vélo si il voulait. « Ha bon ok je suis rassuré, parce que j’ai vraiment 3 kilos à faire passer pour la vendre en Equateur. » haaaa voilà.

Fantastique Oscar





Pour rappel, la Colombie est en guerre depuis près de 50 ans contre la guérilla. C’est une guerre plutôt moche qui touche particulièrement le sud du pays. Les guérilleros sont décrits par l’état comme le diable et sont responsables de tout les maux. Rien n'est jamais tout blanc tout noir. Le gouvernement aussi fait des trucs pas très propre de son côté. Concrètement donc, il y a des postes militaires tout les 10 kilomètres et des contrôles de camions et de bus tout le long de la route. Sur les 7 jours dans la région je ne me suis fait arrêté que deux fois. La première, les soldats m’ont arrêté pour m’offrir de l’eau fraîche. La deuxième, ils m’ont arrêté pour me demander si j’avais pas de la marijuana. Le gars qui m’a demandé de l’herbe c’était pour sa consommation personnelle hein, pas pour me mettre en prison. Même que son fusil d’assaut il était vachement gros.



Les journées à vélo ici sont vraiment plaisantes. Les gens crient de loin pour me saluer et m’arrête souvent pour discuter.  La communauté noire est impressionnante. Je savais qu’ils étaient très présents sur la côte mais je ne m’attendais pas à traverser des villages 100% afro-américain aussi vite.
Ah et c’est aussi la première fois qu’on me drague aussi directement. Vous s’avez ce sifflement de nigaud qu’on fait aux filles à leur passage, ben ça fait tout drôle quand on vous le fait à vous (et que les siffleurs ne sont pas des travestis).
Bref je me délecte de la compagnie des colombiens, je jurent contre les nombreuses côtes et j’arrive enfin à Cali, ville ou je passerai Noël avec de la famille. Bon c’est pas vraiment de la famille de sang, mais c’est quasi la même chose.

Cali

L’entrée dans cette ville c’était pas triste. Pour l’occasion je vais paraphraser Jérôme, le copain à vélo, qui est passé visiblement exactement au même endroit que moi quelque mois plutôt :

(…) la vision est juste dingue. Je voudrais tant m’arrêter pour faire quelques photos.  Il y a des choses qui brûlent au milieu du chemin, des voitures, des charrettes, des monticules d’ordures qui encombrent la voie de manière complètement désordonnée.  Des gens sont là, sales, errants, comme dans les films de zombies qui sont à la mode en ce moment.  J’ai l’impression de traverser toute cette zone comme au ralenti. (…)
Enviecyclette.com

Le ton est donné. Je suis un grand fan des films post-apocalyptique, mais quand c’est pour de vrai, c’est pas drôle du tout.. Un policier m’arrête. Il me dit d’un air préoccupé que c’est trop dangereux pour moi de rester ici. Il faut que je roule jusqu’au centre sans m’arrêter. « sous aucun prétexte » il a dit le monsieur. Je continue donc gaiement la traversée de la ville, sans dommage.

Pour vous remettre un peu dans le contexte, mon père (chilien) a des amis en Suisse. Jusque là ça va. Ses potes de toujours sont colombiens (parce les latinos cherchent des latinos quand ils sont plus chez eux) J’ai donc grandi avec des Noëls, des Fêtes des Mères et autres joyeusetés religieuses AVEC des colombiens. Les enfants des potes de mon père sont donc des amis d’enfance. (bisous bisous Mel, Chris, David, Fab, Alfredo).

C’est dans ce contexte donc, que j’ai accepté l’invitation des Salazar, à venir passer Noël avec eux. Et c’était pas triste.


Avec Léon Dario et Angelica


Les fêtes expresses

La soirée de Noël à commencé à 21h et a 23h c’était bouclé. Heureusement qu’il y avait beaucoup de cadeaux à ouvrir parce que si non à 21h30 on aurait été tous au lit. C’était court mais intense.


La MONTAGNE de cadeaux

Les chants de Noël

Les photos de famille


Le nouvel an a forcément fini un peu plus tard, heure du passage à la nouvelle année oblige. Bon pour le coup, on a fini par accueillir 2014 dans la rue, et ça c’était plutôt chouette.


LE repas du réveillon préparé par la soeur de Léon


Mais Cali c’était surtout son festival ! Cette ville c’est un tout petit peu la capital mondiale de la salsa. Alors c’était un peu comme la foire de la saucisse, mais sans saucisse et avec de la salsa. Vous voyez? En vidéo officielle c’est ça :



Les lecteurs masculins auront certainement apprécié la qualité des formes féminines de cette vidéo… Et JUSTEMENT ! Ca mérite un paragraphe ! Cali c’est aussi connu pour ça. Beaucoup disent que c’est à Cali que se trouvent les plus jolies filles du monde. (D’autres rumeurs parlent de Medellin.) Et ben je peux vous dire que j’ai jamais vécu un truc pareil. Cette ville c’est de la folie ! C’est pas tellement les jolies filles qui choque, parce que finalement, des jolies filles, il y en a dans tout les pays. C’est surtout la proportion de jolies filles au m2. Non sans blague, 9 filles sur 10 sont pas seulement jolies, mais sont de véritables BOMBES ! J’ai eu des torticolis à force de devoir regarder à droite à gauche.

J’ai malheureusement pas pris de photos pour vous illustrer mes propos, mais vous pouvez toujours taper « caleñas » sur google et voir les images, vous allez tout de suite comprendre de quoi je parle. (après vous pouvez taper « martigneraine », pour comparer)

Bon après tout ça, ça s’explique. Premièrement le silicone est utilisé de manière vertigineux, parfois c’est même ridicule tellement ça déborde de partout. Ensuite, et ça c’est vrai dans toute la Colombie, les demoiselles savent s’habiller, se maquiller et mettent des talons hauts en tout occasions. Du coup forcement, ça claque !

Cali en photos :






Salazar et Escobar







En plus de l’initiation anthropologique, on est aussi aller se promener dans les alentours. 

Petit résumé en photos :

































Histoires brèves

- Pour que vous ayez un peu des nouvelles des autres cyclos que vous connaissez à travers mes lignes, sachez que Jérôme et Cindy, les deux belges, sont revenu dans leur pays sans montagne après une année d’aventure à vélo. Sébastien et Akira, ont fini leur tour du monde et sont arrivés à Genève il y a deux semaines. C'est franchement des champions. Virgile le français ? Je l'ai vu hier ! Il est à Santa Marta et va faire une longue pause, après quasiment 3 ans de voyage à vélo.

- Vu sur la première page d’un journal de Cali : « Seulement 143 morts assassinés durant le mois de décembre à Cali, c’est 43 % de moins qu’en 2012, la paix est en marche ! » C’est sûr qu’avec vos histoires d’éoliennes, vous faites moins les malins maintenant…

- J’ai rencontré deux cyclo argentins, 3 jours avant d’arriver à la plage. Comme ils allaient vraiment pas vite (c’était des hippies), j’ai préféré leur donner rendez-vous à Santa Marta plutôt que de rouler avec eux. Le dernier soir de leur parcours, ils ont campé sur un terrain de football à côté d’un village. Dans la nuit, une bande de 20 jeunes sont arrivés avec des machettes et autres couteaux de cuisines. Ils venaient visiblement juste de tuer quelqu’un et tabassé une femme, dans leur frénésie ils sont passés voir les deux cyclo. Ils les ont dépouillés de tout, absolument tout, sauf les vélos. Quand je les ai revu, ils étaient encore sous le choc, tout blanc. Comme quoi, tout est une question de chance… et je crois que j’ai une bonne étoile.

- Jean-louis Droz, vous s’avez ? L’humoriste valaisan. Ben en réalité il est de Cali. Oui oui !

- Dans le sud, la région la plus touchée par la guerre contre la guérilla, il y a beaucoup de mouvements de troupes. Beaucoup de motos et de jeeps remplies de gaillards armés jusqu’aux dents. Souvent, ils ont les habits militaires, parfois non. En réalité, quand ils ne sont pas en habit militaire, c’est qu’ils font parti de la guérilla. J’en ai croisé un seul de ces camions. Un véhicule rempli de gars à moustache et fusils d’assauts. Quand ils m’ont vu grimper la côte de folie avec mon petit vélo, ils m’ont encouragé comme jamais. J’ai réalisé que bien plus tard, que j’avais été encouragé par les Farc.

- La Colombie c'est aussi le pays du café. Sauf que c'est impossible d'y trouver un bon café. Premièrement parce que le meilleur café est conservé pour l'export. Ensuite parce qu'ils ne savent tout simplement pas le torréfié correctement. Du coup ça ressemble plus a un petit chocolat chaud qu'un véritable expresso. Nos goûts européens sont définitivement différents !

- Juliana, la cousine colombienne de Mélanie, elle m’a dit que je ressemblais bien plus à un chilien qu’à un suisse. J’ai donc réussi mon voyage !


Une dernière fois vers le nord

Début janvier j’ai pris le bus pour Bogotá. Pas envie de faire de la montagne à vélo et surtout, j’ai un rendez-vous à la fin du mois que je ne veux pas manquer. Donc hop un peu de bus et me voilà chez Mélanie Escobar ! (autre famille colombienne) Petite semaine tranquilou à visiter la capitale colombienne

Bogota c'est grand,

très grand !



Rue de Bogota, un jour normal en semaine.

Avec Mel ! Définitivement plus colombienne que valaisanne !

Après avoir très, très, très bien passé le temps avec Mela, sa cousine Juliana et son cousin Juan, je suis reparti en bus (oui encore) jusqu’à Bucaramanga.

Petite semaine de vélo prévu avant d’arriver aux Caraïbes, but ultime du voyage.

Depuis le début, je voyais la fin de mon voyage à Carthagène, important port des Caraïbes en Colombie, passage obligé pour passer en Amérique central. (A l’époque je m’étais laissé la possibilité d’aller jusqu’au Mexique.) Je me voyais donc entrer dans la ville, à bout de souffle, portant mon vélo jusqu’à la mer, pleurant de joie d’avoir traversé le continent entier au bout de deux ans.

En réalité, ça s’est pas tout à fait terminé comme ça. Premièrement parce que je suis pas arrivé à Carthagène, mais à Santa Marta, beaucoup plus à l’est. Et deuxièmement, parce que en réalité c’est loin d’être la fin du voyage. La semaine c’est bien passé. Petite semaine banale dans le monde du cyclotourisme : 3 crevaisons, dodo deux fois sous un pont, une fois dans une station service, paysages splendides, araignée monstrueuse dans la tente, juste du plat, un pur régal.




Copain

Colombien à vélo qui pédalait avec des chaussures de clown.
De clown...


Dodo sous les ponts



Et puis est venu le jour J. Le jour que j’attends et que je rêve depuis mon arrivée à Ushuaïa, il y a plus d'un an. Le jour où je rencontrerai enfin la mer bleue des Caraïbes. J’ai commencé la journée à 5h du matin, j’arrivais plus à dormir de toute façon. Vers 10h, je vois de loin, de très loin, quelque chose de grand, de vaste. Ça y est, j’y suis. J’ai le souffle court, je crie. Je la vois !


Là ! Au fond !


Il m’aura fallu une heure de plus pour me faufiler entre les voitures des vacanciers et atteindre la plage blanche. J’ai tout le corps qui tremble, je pousse mon vélo de toutes mes forces dans le sable pour me rapprocher le plus possible de la mer, comme je l’avais fait 4 ans plutôt, lors de mon voyage en Espagne. Cette fois ça y est, il n’ira pas plus loin. Je le pose doucement sur le côté, me déshabille d’une traite, et court en direction de la mer. L’eau est cristalline, elle est tiède… elle est… magique !




Cette fois ça y est, j’ai atteint mon but. Ça signifie que c’est fini. Que mon voyage à vélo en Amérique du sud est officiellement terminé. Par "officiellement", j’entends: ce que j’avais prévu de faire depuis la Suisse. Mais que va faire Cristobal jusqu’en août alors ? Déjà, je vais profiter un peu, ça va bien me prendre le 98% de mon temps. Ensuite… vous verrez. Je vous garde quelque petites surprises d’ici cet été. La saison du vélo est donc terminée, mais la saison des voiliers ne fait que commencer !





Là, j’attends une personne un peu spéciale pour aller visiter un pays un peu fou. Je vous garde cette chouette histoire pour le prochain billet ;)


A + les sugus